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Poésie - Page 64

  • PAUL MORAND DANS LE GAZ

     

     

    ...

    C'est parce que leurs racines paissent le gaz

    que l'ombre des marronniers est bleue.

     

    Paul MORAND, Feuilles de température, 1920.

     

     

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  • EMMANUEL MOSES : LES LÈVRES DU SOLEIL

     

    COUCHER DE SOLEIL

     

    Voilà la dernière lumière

    Bois son flot tremblant comme un nourrisson boit du lait

    Ou fonds-toi en elle comme une folle se jette dans le fleuve

    Après respirera le soir aux longs mouvements vers l'infini

    Après les bruits retentiront plus fort et tout sera cruel sous l'électricité

    Vois en elle une patrie nouvelle

    - Ou la dernière patrie

    Habite ici et repose-toi

    Serviteur de la vie

    Les heures qui viennent seront bien assez nombreuses

    Pour t'accorder au jeu des étoiles

    Loin de la terre tant aimée

    Appelle-la ta révélation

    Elle est un écho du temps

    Peut-être ne l'entends-tu pas encore ?

    Elle est sa pointe d'or

    Toi qui renonces à souffrir

    Et à courir derrière les ombres

    Couche-toi pour cette fois dans la lumière du bout du jour

    De ce phare éphémère qui fouille l'obscurité du corps

    Qui distingue l'âme chavirée

    Et frappe le cœur

    Unis-toi à son souffle riche de prodiges

    Comme tu t'es uni à des femmes

    Joins-toi aux lueurs du soleil perdu

    Qui sont les lèvres du soleil

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • PAS DE NAUFRAGE POUR EMMANUEL MOSES

     

     

    LA MER INTÉRIEURE

     

    En chacun de nous il y a une mer

    Parfois on l'entend, parfois pas

    On peut la traverser, on peut s'y noyer

    On peut y lancer un message dans une bouteille

    Le poème est ce message qu'un autre nous-même trouvera un jour

    De l'autre côté de celui qu'on est

    Si un poème nous fait du bien c'est parce qu'on sait qu'il ira loin

    Qu'il sera ballotté

    Qu'il luttera contre des vents de travers

    Mais que pour finir il vaincra

    Parvenant sans encombre à son destinataire

    Qui n'est autre que l'autre nous-même

    Cet autre absolu

    Ce même absolu

    Il y a les femmes et leur corps mystérieux

    Il y a la cigarette qui est souffle, feu et poudre grise

    Qui est le trait d'union entre la bouche et le monde

    Et nous savons que la bouche est l'embouchure de l'âme

    Il y a les alcools forts au goût de baies ou de caramel

    Comme ils vous écorchent et vous fendent !

    Mais il y a avant tout le poème, plus mystérieux, plus incandescent, plus âpre encore

    Le poème qui est notre faim, notre soif, notre nécessité et notre désir

    Nous voulons nous fondre dans le corps et l'esprit de notre poème

    Nous voulons inhaler et réduire en poussière brûlante notre poème

    Nous voulons nous enivrer brutalement de notre poème

    La mer tempêtueuse qui nous déchire

    La mer docile qui nous miroite

    La mer translucide où nous voyons d'insoupçonnables trésors

    La mer noire comme un cauchemar qui ne finit pas

    Le poème y suit son voyage

    Il surnage

    A-t'on jamais vu un poème faire naufrage ?

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • Emmanuel MOSES, L'HOMME ET DIEU

     

    ...

    Drôle de créature que l'homme

    Les jours le portent

    L'espoir l'entraîne

    Le chagrin le terrasse

    Et il dérive ça et là

    Sans plus oser porter son nom d'homme

    Drôle de Dieu perdu dans son absence

    Qui pourrait l'aider ?

    Comment lui apprendre ?

    Il vogue entre les infinis

    En impuissance d'amour

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.

     

     

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  • La MAISON selon EMMANUEL MOSES

     

     

    ...

    Une maison, ça naît du rien de la terre

    Du rien du ciel et des étoiles

    Du rien des arbres

    Une maison, un jour, ça sera tout

    ...

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard, 2014

     

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  • Des TRACES d'HENRI MESCHONNIC

     

     

    mais nous

    ne faisons que suivre

    des traces

    nous-mêmes ne sommes

    que des traces

    de la vie

    c'est pourquoi il nous faut tant

    nous tenir pour ne pas nous perdre

    tant entendre ce qu'on dit

    sans savoir

    tant voir ce qu'on

    cotoie sans le voir et moins

    on reconnaît l'invisible

    plus on devient invisible

     

    Henri MESCHONNIC, Je n'ai pas tout entendu, Dumerchez, 2000.

     

     

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  • Des TRACES d'EMMANUEL MOSES

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    ...

    Était-il paysan ? Chasseur ? Poète ?

    Il observait ces traces d'un monde inatteignable

    Et semblait absorbé par une pensée qui l'assombrissait

    S'il était paysan, il devait songer à sa moisson gâtée

    S'il était chasseur, à son gibier manqué

    Et s'il était poète, à des mots cherchés vainement

    ...

     

    Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard, 2014

     

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  • Henri MESCHONNIC au JARDIN

     

     

    nous marchons dans un jardin

    sa saison

    est toute en nous

    les oiseaux savent

    qu'ils ne doivent pas redire

    nos paroles

    nous sommes de la même substance

    cette substance

    fait notre histoire

     

    Henri MESCHONNIC, Je n'ai pas toit entendu, Dumerchez, 2000.

     

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