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Poésie - Page 62

  • Yaïr HOURVITZ : JE ME CONTENTE d'un LAC

    pente,montagne,

     

    ...

    Le silence qui complète le texte dans le village du pêcheur, de l'homme des champs,

    Lieu où main mauvaise n'a pas porté d'ombre,

    M'a appelé. Je pense aux descendants

    Des animaux anciens qui se frayent une existence

    Entre les icebergs de la mer de Behring, et que

    Le courage me manque d'être parmi eux -

    La crainte du froid gagne en moi comme l'obscurité.

    Je me contente d'un lac, d'une pente, d'un nuage cassé

    Au sommet d'une montagne, pareil à une fumée s'échappant d'un cratère,

    De la voix intérieure qui a remué en moi une appartenance

    Et dont j'ignore le sens, en vérité.

     

    Yaïr HOURVITZ, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • David AVIDAN : RENTRÉE LITTÉRAIRE

    loup,

     

    ...

    Et les livres paraissent dans des éditions privées

    (Même pas tapés à la machine à écrire électrique) en quatre cents cinq cents exemplaires

    Et sont diffusés parmi les copoètes uniquement (pas de service de presse)

    Et meurent - ou vivent - une mort ou une vie douce. "Merci pour vos poèmes,

    Je les ai lus avec un véritable émerveillement. Envoyez m'en de temps

    En temps." Le poète est un loup affectueux pour le poète. Tu me nourris,

    Je te nourris, nous nous dévorons l'un l'autre et le monde

    Nous digère tous.

    ...

     

     

    David AVIDAN, Rapport improvisé sur la situation de la jeune poésie à New-York in Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • L'ÊTRE PASSÉ de MARTINE BRODA

    vignes,été,

     

    l’être passé dans le mot été

    vide d’être

     

    ce vide est d’être là

    en ville ouvrant son coeur

    la vacance des squares

     

    en ville dépliant une fois

    la dernière soie blessée

    sous les couteaux vibrants de la lumière

    l’encore intensité juste avant qu’elle casse

    la corde tendue d’un désir funambule

     

    vérité de l’été à peine plus sévère

    quand le temps s’adoucit

    dans la mousse des larmes

    le jour tiède oubliant

    l’amour qui fut ici

    comme un soleil splendide

    et seul

     

    l’être passé dans le mot menait l’été

    vers l’hiver

     

     

    Martine BRODA, Action Poétique n° 69, avril 1977.

     

     

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  • Gérard MESNIL aux ÉPAULES des VAGUES

     

    mer,

     

    Rivage

    Poser ma halte à        

    ce coquillage

    à

    cette voix

    éteinte

    aux orteils

    de la mer

    (et ma soif enfouie sous le sable peau d’une femme noire)

    Je crie

    de toute la violence

    de midi

    J’opère le silence

    (jeter les dés)

    à la bouche

    des hommes

    J’ai placardé mes révoltes

    aux épaules des vagues

     

    Gérard MESNIL, Action Poétique n° 69, avril 1977.

     

     

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  • Une CARTE POSTALE de J.Francis REILLE

    mer,feuillage,

     

    CARTE POSTALE
     
    Une trirème quelque part.
    Pourtant sans rameurs.
    Et la lune de jour.
     
    Voici que le plongeur écarte le feuillage
    Mer étale. Horizons
    Mer mains ouvertes
    Salut soleil !
     
    Et toi, où en es-tu ?
     
    J.Francis REILLE, Action Poétique n° 64, décembre 1975.
     
     

     

     

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  • Yehuda AMICHAÏ : LANGUE ÉTRANGÈRE

    visage,ciel,

     

    Je veux vivre jusqu'à ce que les mots de ma bouche ne soient plus que voyelles et consonnes, peut-être seulement des voyelles,

    seulement de douces sonorités,

    l'âme qui est en moi reste la dernière langue étrangère

    que j'apprends.

    ...

     

     

    Yehuda AMICHAÏ, début fin début, Ed. de l'éclat, 2001, Trad. Michel Eckhard-Elial.

     

     

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  • Abdelwahab MEDDEB : ORIENT et OCCIDENT

    drapeau,étendard,

     

    l'homme d'Orient aime l'Orient

    comme l'aime l'homme d'Occident

    et il adhère à l'Occident

    avec le même soupçon

    que l'homme d'Occident

     

    Abdelwahab MEDDEB, Portrait du poète en soufi, Belin, 2014.

     

     

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  • Jacques IZOARD : JEAN et JEAN

    blue jean,

     

    Voyou bleu indicible
    en chemin de fer,
    les essieux qui crissent
    lacèrent ta peau.
    Nous arrivons à Liège
    et c’est le carnaval
    des marmots, des hélianthes.
    Le fou rire éperdu
    d’un jean-foutre en blue-jean.
     
    Jacques IZOARD, Action Poétique n° 62, 1975.
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