
l'homme d'Orient aime l'Orient
comme l'aime l'homme d'Occident
et il adhère à l'Occident
avec le même soupçon
que l'homme d'Occident
Abdelwahab MEDDEB, Portrait du poète en soufi, Belin, 2014.
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l'homme d'Orient aime l'Orient
comme l'aime l'homme d'Occident
et il adhère à l'Occident
avec le même soupçon
que l'homme d'Occident
Abdelwahab MEDDEB, Portrait du poète en soufi, Belin, 2014.


L'éternité, comme l'infini, est coupé de la sève ; n'est qu'oubli dans l'oubli, bleu ciel dans le ciel bleu.
Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.

Ivre d'éternité, l'homme abusé dont chaque os est un barreau n'aura conçu, pour lui, que le temps, cette autre prison.
Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.

- Tu es, dans tes écrits, comme moi, un rassembleur de mots, identiques par le sens, le son et le nombre des lettres, à ceux de la langue. Tu crois les habiter, alors que tu n'es que l'hôte accidentel de leurs reflets.
Tout feuillet est miroir de papier. Penché sur lui, tu t'y mires. L'eau pareillement nous renvoie notre image ; mais quel visage jamais sut retenir la rivière ?
Edmond Jabès, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.
DEVINETTES SUR PARIS
Quelle ville ressemble au vin ?
Paris.
Tu bois le premier verre.
il est âpre.
Au second,
il te monte à la tête.
Au troisième,
impossible de quitter la table :
Garçon, encore une bouteille !
...
Paris, 15 mai 1958
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.

L'homme fatigué
Par les champs, quelque grave paysan
taciturne s'en retourne chez lui.
Étendus côte à côte, le fleuve et moi,
Sous mon cœur s'endort l'herbe tendre.
Le fleuve roule son flot large et calme,
mon fardeau de soucis se change en rosée ;
ni homme, ni enfant, ni Hongrois, ni frère,
là est seulement couché un homme fatigué.
Le soir dispense l'apaisement,
c'est un pain chaud dont je suis un morceau,
le ciel aussi se repose sur le calme Maros
et sur mon front viennent s'asseoir les étoiles.
Août 1923
Attila JÓZSEF, Le mendiant de la beauté, Le temps des cerises, 2014.
Fini, dira un jour notre mère Nature,
fini de rire et de pleurer, mon enfant
et recommencera à nouveau la vie sans bornes
qui ne voit pas, qui ne parle pas, qui ne pense pas.
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.