sommeil
de l'arbre
vertical
du souffle de la terre
aux rêves de lumière
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sommeil
de l'arbre
vertical
du souffle de la terre
aux rêves de lumière
l'enfant parle malgré tout
il existe
de nouveaux zéros s'inventent
dans le sommeil
4, méridienne
Méridienne, sans un à-coup mes pensées fondent en spirale, visent au déclin. Sous mes paupières éteintes vacille la folie passagère d'un éclat de voix, d'une moto : peine perdue contre l’ivresse des profondeurs où je poissonne libre. Puis de mon esprit retourné, s’écoule à nouveau le sable revanchard, main-mise du cerveau, toutes choses en prise, relevées d’ombres bien franches.
3, moine et meunier
Pour l'esprit comme pour le pain, cloches muettes et roue emballée, dormir est l'ennemi : le moulin à prières tourne en vain et le moine sera roulé dans la farine. C'est la main du Malin sur le meunier qui lui ferme les paupières, c'est un huitième péché pour la coulpe de Frère Jacques, une morale de plomb, comme la faute à combattre.
2, la cavale
L'œil a perdu sa rondeur, à sa place tout le bât de la journée, qui écrase le corps, mais débride les images, où les pensées ne sont plus un fardeau mais la cavale même, s'échappant vers les vastes plaines, qui s'additionne, somme nulle, à la déchéance de l'endormissement. Le sommeil et son rêve portent en eux l'écho de leur fin, le réveil, qui sonne les promesses quotidiennes, de son mécanisme encore grinçant.
1, pierre et plume
La pierre est tombée de nuit, fendant bois et feuillages, squelette et chair de l'épaisse forêt, jusqu'au fond des enfers de l'humus, d'où remonteront les sèves au printemps du jour. Et de jour une plume, détachée de tous appétits, à l'heure apaisée et satisfaite, dans un âge d'or du mépris de l'or, s'abandonne aux courants d'air ascendants, pour un mirage fugitif d'où la terre s'absente.
Sommeil qui ne vient d’aucune vallée
et qui ne va vers nulle part
sommeil qui nous cloue
pour y suspendre ses images
Anise KOLTZ, Action poétique n° 138/139, Printemps 1995.
L'illustration est empruntée à Coco qui, elle, ne l'est pas du tout avec des pinceaux...
Sous les écorces, les sèves déjà
Comme à cause d'un vide, se réveillent,
Se délivrent, dans un délire de bourgeons :
Troublé, l'hiver dans son sommeil
- Et Février, lunatique, en profite
Pour s'accourcir -,
Secrètement, n'est plus livide.
...
Giuseppe UNGARETTI, Vie d'un homme, Poésie/Éditions de Minuit-Gallimard, Trad. Philippe JACCOTTET