Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

corps

  • Guy GOFFETTE dans la NUIT

    nuit,le mans,insomnie,

     

    ...

    quand la nuit dans la nuit

     

    se tourne et retourne sans trouver

    une pierre pour sa tête, un os

     

    pour calmer ses chiens, les mots

    bonheur, éden, azur, azur

     

    ne sont plus que cailloux,

    ronces où la langue se blesse

     

    et chardons dans le jardin

    du cœur (quand ce n'est pas déjà

     

    la poutre et la corde pour celui

    qui a baissé les bras trop vite

     

    devant l'inaccessible, cet amour

    sans cesse trahi, la beauté

     

    promise à tous, et qui recule

    jour après jour comme l'horizon,

     

    et le corps à mesure se délite

    qui connaît l'insupportable

     

    final du morceau : cadavre

    et pourriture parmi les roses)

     

    Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Gérard TITUS-CARMEL CORPS et LANGUE

    trapèze,corps,

     

    une brume

     

    quand la langue s'épuise à l'orée de dire

    je n'ai plus la main

    il me fait froid aux phalanges

     

    et tous les quais d'un coup

    se sont vidés

     

          ah comme il est bien fait

    au corps de laisser ainsi se fermer

    telle blessure qui

          si longtemps

    l'a divisé

     

    Gérard TITUS-CARMEL, Ici rien n'est présent, Champ Vallon, 2022

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • TOMBER

    forêt,mousses,

     

    Quand le corps tombe
    dans ces forêts sans nord ni sommeil
    où l'on perd pied
    et se prolonge une nuit de douleurs mutiques
    c'est déjà corps et âme

    L'air se happe par suffocation
    mais la noyade se refuse
    qui délivrerait de cet errement

    Au contraire il faut brasser ces sombres fourrés
    aux mousses agrippées aux pierres
    abstraire son corps et son âme
    de cette antichambre 
    où le peu qui se discerne
    n'évoque que rouille et marbre 
    où se perdent et le corps et l'âme

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Claude ESTEBAN dans son CORPS

    tête,ombre,

     

    Le corps

    comme arraché de soi

     

    le souffle

    court

     

    coupé, repris, ramassé

    une fois encore

     

    dans l'alvéole

    rouge

     

    je suis ce corps, je suis l'air

    qui le traverse.

     

    Claude ESTEBAN, Étranger devant la porte I Variations, Léo Scheer, 2001

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • ORAISON

    tissu,bleu,nuit,

     

    Longs tissus de la seule Afrique d'un bleu nuit d'équinoxe, les dos de ces hommes grands semblent s'affairer magiquement sur ma personne
    en dehors pourtant du faisceau de leur oraison, sur le centre de mon corps mais c'est l'esprit qu'ils visent
    leurs toques ornées de figures exactes, ils s'efforcent de me soigner par le murmure de leurs marteaux pour aplanir l'encre
    qui m'écrit dans un fleuve si lointain qu'il se dit noir en latin, avec des cingles qui tournent au gothique
    dont le cours est encombré du mensonge des magazines avec tous les oripeaux des demeures passées
    Ils fouetteront mon sang, indifférent au son de la flûte, des seules ondulations de leurs épaules,  d'un mouvement de sourcil épicé

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Travaux domestiques ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Bernard NOËL et les YEUX

    insecte,lucane,cerf-volant,

     

    on a brûlé la peau de la mort

    on a mangé la boule des pleurs

     

    mon corps repousse

    a dit le passant

     

    il a mâché de la terre douce

    il a dit

    je veux des yeux

     

    Bernard NOËL, Un livre de fables, Fata Morgana, 2008

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Gérard MACÉ le MATIN

    chat,endormi,sommeil,

     

    ...

    Au petit matin nous sommes tous des enfants trouvés, que des mains inconnues ont déposés dans notre propre corps. Des mains aussi précises que celles d'une accoucheuse, aussi légères que celles qui fermeront nos yeux.

     

    Gérard MACÉ, Filles de la mémoire, Gallimard, 2007

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 2 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • La VIEILLESSE selon Jorge Enrique ADOUM

    neige,tamaris,hiver,branches,

     

    (Voici la vieillesse amèrement lucide, tristement insensible

    au mouvement des croupes qui, dans le déhanchement de l'été,

    pouvaient autrefois t'éblouir jusqu'à la damnation.

     

    Voici la vieillesse qui traîne sa vie de jour en jour,

    comme si le corps était le même qu'avant-hier

    et elle regarde sans compassion ni haine ses bielles aujourd'hui usées,

    la chair emprisonnée dans les geôles du rêve et d'une chemise.

     

    Pourquoi vouloir vivre seulement pour se survivre,

    s'il n'y a pas moyen d'obstruer les fissures de sa propre statue

    détruite lors du transfert du paradis où, nue, doublée,

    elle était fière de se soumettre aux codes charnels.

     

    Mais la proximité de la faille ultime et accueillante,

    cette conscience de précadavre, ce qui revient au même,

    nous fait envier, pour n'être pas ressuscité à temps,

    l'amour attaché à la mort,

    l'un décorant l'autre,

    tous deux se méritant.)

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F-M Durazzo, Myriam Solal Editeur, 2008

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 1 vent(s) de la plaine Lien permanent