...
quand la nuit dans la nuit
se tourne et retourne sans trouver
une pierre pour sa tête, un os
pour calmer ses chiens, les mots
bonheur, éden, azur, azur
ne sont plus que cailloux,
ronces où la langue se blesse
et chardons dans le jardin
du cœur (quand ce n'est pas déjà
la poutre et la corde pour celui
qui a baissé les bras trop vite
devant l'inaccessible, cet amour
sans cesse trahi, la beauté
promise à tous, et qui recule
jour après jour comme l'horizon,
et le corps à mesure se délite
qui connaît l'insupportable
final du morceau : cadavre
et pourriture parmi les roses)
Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001