L'avenir de la mort
est encore l'avenir
Les hommes ont laissé leur regard
sur le portemanteau du feu
et la nuit remplace
nos yeux
par nos mains éblouies
Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018
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L'avenir de la mort
est encore l'avenir
Les hommes ont laissé leur regard
sur le portemanteau du feu
et la nuit remplace
nos yeux
par nos mains éblouies
Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018
à ce jeu nous deviendrons
ténèbres et fougères
au bord du talus
nous entretiendrons la confusion
mêlerons nos branches
et ce désordre nouveau
nous enchevêtrera plus encore
alors de belle qu'elle fut
la nuit se fera cave
au plus profond
de nous
Gérard TITUS-CARMEL, Travaux de fouille et d'oubli, Champ Vallon, 1999
...
quand la nuit dans la nuit
se tourne et retourne sans trouver
une pierre pour sa tête, un os
pour calmer ses chiens, les mots
bonheur, éden, azur, azur
ne sont plus que cailloux,
ronces où la langue se blesse
et chardons dans le jardin
du cœur (quand ce n'est pas déjà
la poutre et la corde pour celui
qui a baissé les bras trop vite
devant l'inaccessible, cet amour
sans cesse trahi, la beauté
promise à tous, et qui recule
jour après jour comme l'horizon,
et le corps à mesure se délite
qui connaît l'insupportable
final du morceau : cadavre
et pourriture parmi les roses)
Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001
Dieu comme l'air est doux au toucher
Comme la lumière est bonne à voir
Et comme elle m'enveloppe
Tendrement, impitoyablement
La nuit -
Non, non n'étanchez jamais la soif
de porter l'obscur vers plus de lumière
d'y voir, d'y toucher d'y entendre mieux,
laissez-moi ouverte à jamais la porte
où respirent ensemble dedans et dehors -
et qu'y a-t-il de plus clair pour l'esprit
que de s'ouvrir sur l'inimaginable
que tout ce que j'ignore et le peu que
je comprends soient un et innombrable
que sans tous ces corps et herbes bougés
par la même montée de sèves
de vents de lueurs dans l'œil, dans la main
je n'aurais jamais rien pensé -
ni senti le jasmin dans la nuit.
Lorand GASPAR, Patmos et autres poèmes, NRF Gallimard, 2001
...
La nuit de radium et de gingembre couvre les pôles de fourrure et l'équateur de sang et lance aux métaux de la lune et des étoiles des messages de fourrure et de sang.
Alain GHEERBRANT, L'homme troué, Sabine Wespieser, 2010
...
La nuit est de mâchefer, inerte, les vitres sont aveugles. Pourtant de grands arbres bougent dans la pensée, peut-être des eaux. Je me dis qu'il doit y avoir, aussi pauvre et dérisoire qu'elle soit, une lueur quelque part pour juger de ce noir, pour que je puisse le percevoir. Une lueur qui cherche les mots, le pain des mots.
Lorand GASPAR, Egée, Judée, Gallimard, 1980
contre la nuit
les néons
contre la pluie
les cafés
mieux qu'une prairie
l'asphalte
Quiétude ébréchée
quand vient l'aiguille de quatre heures
piquer ma nuit de ses phares
tiquer la paupière de mes forêts
Dans quels pas
mes pas ?
Toutes les traces se mêlent
fondues dans la somme des vies
Elles brouillent mon flair
et dans la frondaison moite des regards
affolent mon pied
Par quels sentiers
mon avenir ?
Demain est déjà happé
dans le tourbillon de l'immédiat
sous un âge empesé de neige grise