Dieu comme l'air est doux au toucher
Comme la lumière est bonne à voir
Et comme elle m'enveloppe
Tendrement, impitoyablement
La nuit -
Non, non n'étanchez jamais la soif
de porter l'obscur vers plus de lumière
d'y voir, d'y toucher d'y entendre mieux,
laissez-moi ouverte à jamais la porte
où respirent ensemble dedans et dehors -
et qu'y a-t-il de plus clair pour l'esprit
que de s'ouvrir sur l'inimaginable
que tout ce que j'ignore et le peu que
je comprends soient un et innombrable
que sans tous ces corps et herbes bougés
par la même montée de sèves
de vents de lueurs dans l'œil, dans la main
je n'aurais jamais rien pensé -
ni senti le jasmin dans la nuit.
Lorand GASPAR, Patmos et autres poèmes, NRF Gallimard, 2001