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Littérature

  • André BRETON et l'ANALOGIE

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    Je n'ai jamais éprouvé le plaisir intellectuel que sur le plan analogique. Pour moi la seule évidence au monde est commandée par le rapport spontané, extra-lucide, insolent qui s'établit, dans certaines conditions, entre telle chose et telle autre, que le sens commun retiendrait de confronter. Aussi vrai que le mot le plus haïssable me paraît être le mot donc, avec tout ce qu'il entraîne de vanité et de délectation morose, j'aime éperdument tout ce qui, rompant d'aventure le fil de la pensée discursive, part soudain en fusée illuminant une vie de relations autrement féconde, dont tout indique que les hommes des premiers âges eurent le secret.

     

    André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

     

     

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  • La POÉSIE selon Percy BYSSHE SHELLEY

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    "L'esprit est à soi-même sa propre demeure, il peut faire en soi un Ciel de l'Enfer, un Enfer du Ciel" (Milton, Le Paradis perdu.) Mais la poésie triomphe de la malédiction qui nous condamne à être soumis au hasard des impressions qui nous entourent. Soit qu'elle déroule son rideau figuré, soit qu'elle retire le sombre voile de la vie du devant de la scène des choses, elle crée également pour nous un être au sein de notre être. Elle fait de nous les habitants d'un monde à l'égard duquel le monde familier est un chaos. Elle reproduit l'univers commun dont nous faisons partie et que nous percevons, et elle débarrasse notre vue intérieure de la couche de familiarité qui nous empêche de nous émerveiller de ce que nous sommes. Elle nous contraint à sentir ce que nous percevons et à imaginer ce que nous connaissons. Elle crée à neuf l'univers, une fois qu'il a été anéanti dans nos esprits à cause du retour d'impressions émoussées par la répétition. Elle justifie le mot audacieux et exact du Tasse : "non merita nome di creatore, se non Iddio ed il Poeta." (Personne ne mérite le nom de créateur, sinon Dieu et le Poète.)

     

    Percy BYSSHE SHELLEY, Défense de la poésie, 1822, in Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2020

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : SURRÉALISME et RELIGIONS

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    ... c'est sans doute à partir d'expériences analogues à celles qu'invoque le surréalisme que les religions se sont formées, en donnant comme corrélatif à la conscience, qui vivait ces expériences un dogme affirmé et déterminé, ou, plus simplement, quelque vérité définissable sur le plan de l'objet, à laquelle, désormais, il fallait croire. Ainsi cet Autre, vers lequel la conscience de l'homme se dirige par essence, est toujours réduit au langage : il devient un autre monde. Le surréalisme veut conserver l'essence de la conscience religieuse en refusant ce qu'il considère comme son aliénation.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • La POÉSIE selon Ferdinand ALQUIÉ

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    ... la poésie dit tout, ou, si l'on veut, ne dit rien ; ce qui est certain c'est qu'elle ne se contente pas de dire dire quelque chose, dire quelque chose étant toujours parler selon l'objet, et donc quitter le niveau de la réalité humaine une et totale. Donner un sens intellectuel aux paroles d'un poète, c'est abandonner l'authenticité pour le discours, l'être pour l'objet, le certain pour le probable. La poésie, et la métaphysique critique dont nous croyons qu'elle retrouve l'objet, ne peuvent mentir. Elles disent l'Être, et l'homme, dans la mesure où elles refusent le langage objectif et, avec lui, toute hypothèse et toute aliénation.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : SURRÉALISTES et MÉTAPHYSIQUE

    fleur,camélia,

     

    Encore est-il que, parmi les poètes, les surréalistes paraissent les plus proches de la métaphysique. Plus exactement, ils révèlent que, mise à part la métaphysique, la poésie est pour l'homme le chemin qui conduit le plus près de la vérité, pourvu que son langage demeure scrupuleusement fidèle à la vérité de l'homme.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : le BONHEUR selon André BRETON

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    Mais qui ne verrait que "ce qu'on appelle grossièrement le bonheur" n'est pas le bonheur tel que Breton l'entend, le bonheur qui ne saurait survivre au sacrifice de l'amour. Ce que Breton condamne c'est, comme il le dit, le pragmatisme, la recherche calculée et calculatrice d'un bonheur limité et prudent, demandant le renoncement au rêve et aux exigences essentielles du désir. C'est par souci de ce bonheur que la plupart des hommes consentent précisément à séparer la beauté de leur vie, à la tenir pour abstraite et formelle, à l'accrocher au mur pour la contempler le dimanche, en vivant, durant la semaine, la vie de tous et, comme le dit encore Breton, "la vie des chiens".

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • Hélène CIXOUS et le PARADIS TERRESTRE

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    Que ton âme est médiévale et fraîche, toi qui perces nos mornes embouteillages de désirs avec l'entêtement d'une flèche tirée de l'Arc d'Or, toi qui crois que le paradis terrestre n'est pas perdu, qu'il nous est donné ici-même, en mauvais état, mangé de peuples trop gras et rongé de peuples trop maigres, et recouvert d'excréments et de monuments hideux, et que nous devons, chaque personne et par groupes, le dégager, le sauver, le restaurer, et comme il y a un travail gigantesque à faire, tu t'y mets sans perdre une journée, toi qui penses qu'à tout être humain est donné, en échange de sa naissance, la mission de protéger la beauté du monde, et de laisser la terre bien propre et plus savante en partant.

     

    Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

     

     

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  • Hélène CIXOUS et les INDES

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    N'est-il pas plus difficile de nos jours, de découvrir les Indes intérieures que d'aller à Calcutta ?

     

    Hélène CIXOUS, Le livre de Promethea, Gallimard, 1983

     

     

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