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Littérature

  • Paul VALÉRY A des PROBLÈMES

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    Je te parlerai moins des écritures qui se tricotent sur ces feuilles sèches. Ce sont les mille et un problèmes de l'escargot mental, ou encore tous les germes de l'ennui, les moustiques de l'agitation, les atomes de velléité, de doute et de scrupule qui, presque chaque jour, tourmentent chaque minute.

     

    Paul VALÉRY, in 32 grammes de pensée, Nicole Marchand-Zañartu et Jean Lauxerois, Médiapop, 2020

     

     

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  • Paul VALÉRY : POUR NE PAS PERDRE CONNAISSANCE

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    Sa vie durant, Paul Valéry n'aura cessé de multiplier, dans ses carnets, les croquis, les schémas, les tracés, les calculs et les figures, plus ou moins géométriques ou hiéroglyphiques. Il cherchait à élaborer ainsi une nouvelle connaissance de la vie, qui sût dépasser une conception idéaliste de l'être humain, et aller au-delà des limites d'une connaissance qui tend toujours à réduire le vivant à un objet qu'elle démembre.

     

    Nicole Marchand-Zañartu et Jean Lauxerois, 32 grammes de pensée, Médiapop, 2020

     

     

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  • La VÉRITÉ selon Francis PONGE

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    L'esprit marche à je ne sais quelle allure, la Vérité beaucoup plus lentement.

    je dois même dire qu'en ce qui me concerne, Elle est de plus en plus longue à me rattraper.

    De façon générale, Elle ne me paraît pas chose à atteindre, mais à attendre.

    Tout ce que nous pouvons faire, plutôt que nous lancer à sa poursuite, c'est tenter de ralentir notre esprit, qu'Elle nous rejoigne.

    Les notes que nous amassons, les mots que nous alignons sont à cet effet seulement.

    Qu'Elle parvienne à notre hauteur (comme on dit), et nous touche l'épaule, c'est la surprise, alors, qui nous cloue sur place : nous La reconnaissons à sa figure inouïe.

     

    Francis PONGE, Nouveau recueil, Gallimard, 1967

     

     

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  • Le FEU selon Francis PONGE

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    La vie est un camaïeu d'oxydations ; depuis les plus lentes jusqu'aux plus rapides, et à la plus rapide de toutes : le feu, il y faut toute cette gamme.

    Qu'une flamme y soit nécessaire, nul doute. Pourquoi ? Pour attirer le regard ? Pour attirer quelqu'un ? - Mais, aussi bien, pour vous-même. Pour brûler quelques déchets qui encombreraient vos tuyaux de vie. Pour nettoyer, faire place nette, réamorcer la vie.

     

    Francis PONGE, Nouveau recueil, Gallimard, 1967

     

     

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  • Francis PONGE et l'AUTRE

    putois,

     

    Que Je soit un autre, voilà l'une des trouvailles récentes de l'homme à propos de lui-même, pour se rendre la vie difficile, pour s'inquiéter.

    Vous croyez être ceci ? laissez-nous rire ; laissez-nous vous expliquer à vous-même. Vous êtes la proie de l'histoire (marxisme). Vous êtes un nœud de complexes (freudisme). Vous êtes un criminel, une vipère lubrique, un petit bourgeois (bolchevisme). Vous n'y pouvez rien. Vous êtes coupables (toutes les religions). Vous devez souhaiter votre propre destruction (dont nous nous chargerons si vous ne vous en chargez). L'Autocritique. La Confession.

     

    Francis PONGE, Nouveau recueil, Gallimard, 1967

     

     

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  • La POÉSIE selon August Wilhelm SCHLEGEL

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    Et c'est encore plus vrai pour la poésie ; car les autres arts, en vertu des moyens ou médiums bornés qu'emploient leurs présentations, ont bien une sphère déterminée que l'on peut, jusqu'à un certain point mesurer. Mais le médium utilisé par la poésie est justement celui par mequel l'esprit humain accède en général à la conscience et obtient la maîtrise de ses représentations pour les relier et les exprimer à son gré : le langage. C'est aussi la raison pour laquelle la poésie n'est pas liée à des objets mais se crée les siens ; elle est le plus englobant de tous les arts et pour ainsi dire l'esprit universel omniprésent en eux.

     

    August Wilhelm SCHLEGEL, in Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2020.

     

     

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  • Serge REZVANI et les PIERRES

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    Non, je suis las des pierres.

    Mes mains ont tenu les pierres les plus sublimes... Oh, lassitude ! Fatigue !

    Le minéral m'ennuie. Du vivant ! Et si pas du vivant : de l'art !

    Assez de cela !

    Pendant des siècles nous nous sommes réjouis de l'eau solide, de ces gouttes sublimes que nous accrochions à nos cheveux et glissions à nos doigts...

     

    Serge REZVANI, Isola piccola, Actes Sud, 1994

     

     

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  • Le LANGAGE selon Roland BARTHES

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    Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. C'est comme si j'avais des mots en guise de doigts ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L'émoi vient d'un double contact : d'une part toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique qui est "je te désire" et le libère, l'alimente, le ramifie, le fait exploser, le langage jouit de se toucher lui-même ; d'autre part j'enroule l'autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j'entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire auquel je soumets la relation.

    Roland BARTHES, Fragments d'un discours amoureux

     

     

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