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Littérature - Page 5

  • Les CONSCIENCES selon Italo CALVINO

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    Au début, le père Sulpicio ne flaira pas le danger. Il faut dire qu'il n'était pas très finaud, et resté trop longtemps à l'écart de ses supérieurs hiérarchiques, il n'était plus trop au courant de tous les venins qui peuvent empoisonner les consciences.

     

    Italo CALVINO, Le baron perché, 1957 (trad. M. Rueff, Folio 2018)

     

     

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  • Italo CALVINO : la RÉVOLUTION N'AURA PAS LIEU

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    En bref, il y avait chez nous aussi toutes les causes de la Révolution Française. À la différence près que nous n'étions pas en France, et la révolution n'éclata pas. Nous vivons dans un pays où les causes se produisent toujours, et jamais les effets.

     

    Italo CALVINO, Le baron perché, 1957 (trad. M. Rueff, Folio 2018)

     

     

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  • Milan KUNDERA et les VACHES

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    Paisibles, sans malice, parfois d'une gaieté puérile : on croirait de grosses dames dans la cinquantaine qui feraient semblant d'avoir quatorze ans. Il n'est rien de plus touchant que des vaches qui jouent. Tereza les regarde avec tendresse et se dit (c'est une idée qui lui revient irrestiblement depuis deux ans) que l'humanité vit en parasite de la vache comme le ténia vit en parasite de l'homme : elle s'est collée à leur pis comme une sangsue. L'homme est un parasite de la vache, c'est sans doute la définition qu'un non-homme pourrait donner de l'homme dans sa zoologie.

     

    Milan KUNDERA, L'insoutenable légèreté de l'être, Trad. Fr.Kérel, Gallimard, 1984

     

     

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  • Milan KUNDERA CONNAÎT la MUSIQUE

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    La musique était comme une meute de chiens lâchés sur elle.

    Elle pensait alors que l'univers communiste était le seul où régnait cette barbarie de la musique. À l'étranger, elle constate que la transformation de la musique en bruit est un processus planétaire qui fait entrer l'humanité dans la phase historique de la laideur totale.

     

    Milan KUNDERA, L'insoutenable légèreté de l'être, trad. Fr. Kérel, Gallimard, 1984

     

     

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  • André BRETON FAIT le POINT

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    Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le présent, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement. Or c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point.

     

    André BRETON, Second Manifeste du Surréalisme, 1930

     

     

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  • L'ORGUEIL selon Olivier ROLIN

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    Les années qui avaient passé, filant vers la fin du millénaire, entre notre adolescence et notre âge d'homme, étaient aussi celles où non seulement les vertus anciennes de probité, d'honneur, de fermeté d'âme avaient cessé d'être respectées, mais où les mots eux-mêmes qui les désignaient avaient perdu toute signification vivante, où le fil s'était rompu qui liait, à travers l'histoire, le présent aux âges antiques, la profondeur lisible, intelligible du temps ayant été effacée par le moutonnement d'une actualité informe et redondante. Je comprenais que ce qu'on detestait dans l'orgueil, c'était qu'il affirmât la singularité, voire l'élection, de celui qui le revendiquait, et n'éludât point les risques et les devoirs auxquels il engageait - au lieu que la vanité, sa forme contemporaine et dégénérée, n'obligeait à rien qu'à une surenchère de fanfaronades. L'orgueil était tenu désormais pour une maladie, et aussi démodée, dans les classes dirigeantes d'Europe, que la syphilis ou la tuberculose.

     

    Olivier ROLIN, Port-Soudan, Seuil, 1994

     

     

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  • Sony LABOU TANSI dans la NUIT

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    C'était l'heure où les senteurs de la nuit commencent à dire aux humains que la vie est mince comme un cheveu.

     

    Sony LABOU TANSI, Le commencement des douleurs, Seuil, 1995

     

     

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  • Antoine BLONDIN et l'OUVERTURE

    gond,porte,ouverture,

     

    Comment lui dire que de sourds ressorts se détendent dès que les trains recommencent à rouler ; comment lui expliquer que la paix rend l'homme fou, que les femmes se mettent brusquement à fumer, les idiots à faire de la politique, les rêveurs à s'ébranler ?

    Je luis dis :

    "J'ai voulu connaître d'autres cieux, me rapprocher du foyer où se font les échanges humains ; j'en ai longtemps été empêché par la guerre. Sitôt que j'ai vu l'ouverture, j'ai filé.

     

    Antoine BLONDIN, L'humeur vagabonde, La table ronde, 1955

     

     

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