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temps

  • Serge PEY est dans les ESCALIERS

    branches,oiseau,

     

    ...

    Ici le temps cire des visages mangés par nos souliers

    Ici des trous bouchent d'autres trous avec des trous

    Ici les miroirs ont les yeux crevés

     

    Nous montons à l'envers Nous descendons à l'endroit

    Nous regardons ce qui nous regarde

    même si nous n'avons plus d'yeux pour désaltérer l'univers

    les marches des escaliers montent et descendent

    vers des trous où nous passons pour reconnaître nos passages

    ...

     

    Serge PEY, Poésie du Louvre, Seghers 2024

     

     

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  • James SACRÉ dans l'ESPACE-TEMPS

    ciel,espace,bleu,

     

    ...

    on avance dans le rouge mis à la verticale et le désert debout te monte jusqu'à du bleu comme si l'infini paraphait là-haut le monde pétrifié en monument d'éternité : dans le même temps l'espace ainsi dressé te précipite, geste qui n'en finit pas de tout réduire, tu vas disparaître entre un caillou et le sable qu'il est déjà à quelque endroit du temps

    ...

     

    James SACRÉ, Écrire à Coté, Tarabuste, 2000

     

     

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  • Jean-Baptiste PARA dans le FROID

    fleuve,méandre,

     

    Ce qui s'empresse vers l'éclaircie

    n'éprouve que le froid du fleuve

    si loin des rives où par violence

    le cœur enfin conçoit

    ce qui n'a pour mesure le temps.

     

    Jean-Baptiste PARA, La faim des ombres, Obsidiane, 2006

     

     

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  • Emmanuel HOCQUARD et les MOTS

    froid,vert,céramique,

     

    ...

    Nous avons tout ce temps pour nous.

    Tout le temps de peser nos phrases, car la venue du froid

    n'est pas en elle-même un événement.

    Les anciens mots conviennent aux situations nouvelles

    et les vieux commentaires nous serviront bien encore cet hiver.

    User des mêmes mots sera notre manière

    de nous taire sans avoir l'air de laisser mourir

    la conversation.

    ...

     

    Emmanuel HOCQUARD, Les élégies, POL, 1990

     

     

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  • Andrée CHEDID dans l'INSTANT

    céramique,noir,blanc,

     

    D'instant en instant

    D'instant en instant
    Germe le temps qui me tisse
    File le temps qui me traque
    S'écourte le temps qui me fuit

    D'instant en instant
    Captif du temps qui s'élance
    Je navigue
    Sur les jeux du songe
    Sur le flux du présent
    Sur l'élan de l'âme
    Sur les remous du cœur

    D'instant en instant
    Au rythme du temps qui nous modèle
    Nos ombres se démènent
    Sur la toile de la vie.

     

    Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991

     

     

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  • DÉJÀ selon Charles REZNIKOFF

    arbre,tronc,abattu,

     

    Pas même eu le temps de me tenir parmi les prés,

    ni de m'offrir pleinement à la tendre écume,

    et te voici déjà, vent mauvais.

     

    Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite

     

     

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  • La MÉTÉO selon Jacques LACARRIÈRE

    fleur,soleil,

     

    La météo ! Ainsi privé de cette moitié, cette -rologie qui devrait suivre et qui a disparu des usages comme le -tographe du cinéma et le -cipède du vélo (et l'on sait qu'un suffixe perdu ne repousse jamais chez les mots, au contraire de la queue des lézards), ce mot serait inexplicable si demain tous les dictionnaires de la langue disparaissaient dans un vaste incendie puisqu'on lui a supprimé, en plus du logie dont on pourrait à la rigueur se passer, le ro de météore, qui seul explique qu'il s'agit d'un phénomène céleste. Oui, ainsi privé de sa moitié, le mot est devenu, dans la bouche de tous ceux qui s'en gaussent à loisir, comme le nom de quelque prostituée céleste passant son temps à se jouer du temps et à tromper les hommes.

     

    Jacques LACARRIÈRE, Chemin faisant..., édition remaniée, Fayard, 1977

     

     

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  • Le TEMPS selon Nelly SACHS

    pierre,roche,

     

    ...

    Ô temps dont la seule aune est le mourir,

    Comme elle sera facile, la mort, après ce long entraînement.

     

    Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999

     

     

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