Ce qui s'empresse vers l'éclaircie
n'éprouve que le froid du fleuve
si loin des rives où par violence
le cœur enfin conçoit
ce qui n'a pour mesure le temps.
Jean-Baptiste PARA, La faim des ombres, Obsidiane, 2006
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Ce qui s'empresse vers l'éclaircie
n'éprouve que le froid du fleuve
si loin des rives où par violence
le cœur enfin conçoit
ce qui n'a pour mesure le temps.
Jean-Baptiste PARA, La faim des ombres, Obsidiane, 2006
...
Nous avons tout ce temps pour nous.
Tout le temps de peser nos phrases, car la venue du froid
n'est pas en elle-même un événement.
Les anciens mots conviennent aux situations nouvelles
et les vieux commentaires nous serviront bien encore cet hiver.
User des mêmes mots sera notre manière
de nous taire sans avoir l'air de laisser mourir
la conversation.
...
Emmanuel HOCQUARD, Les élégies, POL, 1990
D'instant en instant
D'instant en instant
Germe le temps qui me tisse
File le temps qui me traque
S'écourte le temps qui me fuit
D'instant en instant
Captif du temps qui s'élance
Je navigue
Sur les jeux du songe
Sur le flux du présent
Sur l'élan de l'âme
Sur les remous du cœur
D'instant en instant
Au rythme du temps qui nous modèle
Nos ombres se démènent
Sur la toile de la vie.
Andrée CHEDID, Poèmes pour un texte, Flammarion, 1991
Pas même eu le temps de me tenir parmi les prés,
ni de m'offrir pleinement à la tendre écume,
et te voici déjà, vent mauvais.
Charles REZNIKOFF, Poèmes (1920), trad. E.Antonnikov et J.Silberstein, Héros-Limite
La météo ! Ainsi privé de cette moitié, cette -rologie qui devrait suivre et qui a disparu des usages comme le -tographe du cinéma et le -cipède du vélo (et l'on sait qu'un suffixe perdu ne repousse jamais chez les mots, au contraire de la queue des lézards), ce mot serait inexplicable si demain tous les dictionnaires de la langue disparaissaient dans un vaste incendie puisqu'on lui a supprimé, en plus du logie dont on pourrait à la rigueur se passer, le ro de météore, qui seul explique qu'il s'agit d'un phénomène céleste. Oui, ainsi privé de sa moitié, le mot est devenu, dans la bouche de tous ceux qui s'en gaussent à loisir, comme le nom de quelque prostituée céleste passant son temps à se jouer du temps et à tromper les hommes.
Jacques LACARRIÈRE, Chemin faisant..., édition remaniée, Fayard, 1977
...
Ô temps dont la seule aune est le mourir,
Comme elle sera facile, la mort, après ce long entraînement.
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999
chiffon
agité
de gauche à droite
temps
noir et blanc
du ragtime
Le soleil claironne l'approche du soir
embrase la barbe des nuées.
Encore un jour laissé
de l'autre côté du temps.
Qui ne le sait ?
Seul le lilas étourdi
écoute la mort des abeilles sans pâlir
Gisèle PRASSINOS, L'instant qui va, Folle Avoine, 1985