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Ô temps dont la seule aune est le mourir,
Comme elle sera facile, la mort, après ce long entraînement.
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999
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Ô temps dont la seule aune est le mourir,
Comme elle sera facile, la mort, après ce long entraînement.
Nelly SACHS, Éclipse d'étoile, trad. M.Gansel, Verdier, 1999
Me moriré en París con aguacero *
Je mourrai à Paris par un jour de pluie **
Je mourrai dans ma chambre un matin de framboises
Je mourrai près des miens, mon souvenir leur faisant une rosée
Je mourrai à ma fenêtre où sourira la St Jean
Je mourrai au passage d'une jeunesse le menton pointé vers l'été
* Cesar VALLEJO, Poèmes humains
** trad. Fr. Maspero, Seuil, 2011
Je trouve scandaleux que la tortue vive si longtemps et moi trop brièvement
Je m'oppose à ce cambriolage de mes jours
Je récuse le vieillir de l'hiver
Et n'accepte désormais que les bonnes saisons
Je m'interdis de mourir
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Yves MAZAGRE, La lutte finale, Librairie-Galerie Racine, 2010
Depuis longtemps déjà, l'auteur de ce texte est en train de mourir. L'auteur de ce texte connaît tous les organes qui, par leurs actions combinées, le maintiennent depuis longtemps déjà dans cette position d'attente. Il sait qu'il porte en lui cette dislocation presque soudaine qui (à la faveur d'une réaction en chaîne étonnamment rapide) lui fera perdre un jour sa verticalité, et le fera s'affaisser sur lui-même, et fera se disjoindre les parties de l'ensemble. Il sait qu'il est traversé de haut en bas par une colonne osseuse qui maintient les parties molles de son corps et l'empêche de s'affaisser. Toutefois quelques uns des segments qui la composent sont l'objet d'une érosion lente et continue, laquelle finit par occasionner d'irréversibles déboîtements, la masse qu'elle a pour fonction de maintenir est le siège d'une infinité de douleurs, piqûres d'aiguilles, tranchées, crampes, élancements soudains, le plus souvent très supportables, qui contribuent encore à dénoncer l'espace dans lequel elle est inscrite.
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Alain FRONTIER, L'inventaire des choses, une anthologie internationale de poésie contemporaine, Action poétique 2007.
HISTOIRE
Quand la femme du village de pêcheurs m'a parlé
De son mari qui avait disparu
Et de la mer qui revient mourir devant sa porte soir après soir
J'ai gardé silence.
Je ne pouvais pas dire à la nacre de ses yeux
Ton bien-aimé reviendra, ou
La mer revivra.
(Il y a des jours où je n'arrive même pas à te dire
Un seul mot.)
T. CARMI, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)
C'est la St Nicolas, mais attardons-nous un peu sur autre barbichu célèbre, évoqué ici : Georges PEREC :
Le ciel est à côté des arbres
Les feuilles humides étouffent
D'autres feuilles. Il y a toujours
Quelque chose à raconter. Il suffit
de trouver où se donnnent les indications
Nécessaires. Tu disais : il se fait tard.
*
Mourir
est une contrainte difficile
Henri DELUY, Premières suites, Flammarion, 1991.