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Poésie

  • Armand GATTI et les LIVRES

    ,livres,liberté,

     

    Deux pas à droite, deux pas à gauche.

    Les barricades de Madrid sont toujours là.

    L'ex-milicien se trouve dans les marges

    des livres de philosophie et de linguistique

    derrière lesquels sont tombés des amis.

    Deux pas à droite, deux pas à gauche.

    Les livres ont été, depuis, jetés au feu

    mais il en parcourt encore les marges,

    c'est sa liberté de graffiti qu'aucun mur,

    aucune colonne de dictionnaire ne peuvent

    circonscrire : la tentative toujours recommencée

    de restituer le soleil à la parole envahie.

     

    Armand GATTI, Comme battements d'ailes, Poésie 1961-1999, Poésie-Gallimard

     

     

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  • ÉCRITURE et CHIFFRE selon Sylvie GERMAIN

    cadrans,montres,aiguilles,

     

    Lignes des paumes rides du visage

    tremblé de l'ombre accompagnant le moindre geste

    grains de beauté

    chute d'un cil sur la page d'un livre improvisant un signe fugace

    rai de lumière venant éclairer la lunule ivoire

    d'un ongle

     

          - tout est écriture -

     

    Noms des choses et des lieux

    noms des vivants - bêtes et hommes -

    noms des défunts

    des heures des jours des saisons

    noms des anges et des démons...

     

          - tout est chiffre -

     

    Sylvie GERMAIN, Couleurs de l'invisible, Al Manar, 2002

     

     

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  • Armand GATTI et le REGARD

    photo,regard,images,

     

    C'est par le regard

          des images

    que la vie s'immole

          chaque jour

    sur chacune de nos rétines.

    Un jour,

          nous saurons

          quelle part de notre mort

    nous avons offerte

          au besoin de cadrer le ciel,

          à l'obstination du nuage

          qui veut se lire

          sur

          et derrière

          l'écran.

     

    Armand GATTI, Comme battements d'ailes, Poésie 1961-1999, Poésie-Gallimard

     

     

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  • La NUIT selon Àlvaro MUTIS

    nuit,néon,

     

    Peu nombreux en vérité sont les élus qui se libèrent

    de leurs entraves et s'enfoncent dans la nuit

    avec cette envie passionnée de profiter pleinement du temps

    sans limites que propose la force obscure de ses royaumes

    comme le don d'une aléatoire éternité

    une survie sans garanties mais pourvue cependant

    d'un modeste lot de bifurcations tentatrices

    où le plaisir nous surprend soudain félin et bref

    à l'égal de ce qui est destiné à se perdre aussitôt.

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Àlvaro MUTIS et le GUERRIER

    amsterdam,corps nus,

     

    Le guerrier dort

    seules ses armes veillent.

    L'été ouvre les écluses

    et le sommeil se peuple

    d'imprécises batailles

    ...

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

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  • Àlvaro MUTIS : la PLANTE du POÈME

    forêt,fougères,

     

    Dans un tunnel obscur où se mêlent villes, odeurs, tapis verts, colères et fleuves, pousse la plante du poème. Une feuille sèche et jaune serrée entre les pages d'un livre oublié, tel est le maigre fruit offert.

     

    La poésie remplace,

    le mot remplace,

    l'homme remplace,

    les vents et les eaux remplacent...

    La défaite se répète dans la suite des temps, hélàs irrémédiable !

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Àlvaro MUTIS dans le POÈME

    dune,ciel,nuages,

     

    Attendre le temps du poème c'est tuer le désir, supprimer les ardeurs, se livrer à l'angoisse stérile... et voilà que les mots nous recouvrent de telle sorte que nous ne pouvons voir le meilleur de la bataille, quand le drapeau fleurit sur les moignons sanglants du prince. Éternisez cet instant !

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Serge PEY dans la NUIT

    pierre,yeux,

     

    L'avenir de la mort

    est encore l'avenir

     

    Les hommes ont laissé leur regard

    sur le portemanteau du feu

    et la nuit remplace

    nos yeux

    par nos mains éblouies

     

    Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018

     

     

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