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Poésie - Page 2

  • André BRETON CORPS et ÂME

    bibendum,michelin,corps,âme,

     

    Le corps que j'habite comme une hutte et à forfait déteste l'âme que j'avais et qui surnage au loin. C'est l'heure d'en finir avec cette fameuse dualité qu'on m'a tant reprochée. Fini le temps où des yeux sans lumière et sans bagues puisaient le trouble dans les mares de la couleur. Il n'y a plus ni rouge ni bleu. Le rouge-bleu unanime s'efface à son tour comme un rouge-gorge dans les haies de l'inattention.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • André BRETON A DORMI

    porte,ruelle,

     

    J'ai donc dormi j'ai donc passé les gants de mousse

    Dans l'angle je commence à voir briller la mauvaise commode qui s'appelle hier

    Il y a de ces meubles embarrassants dont le véritable office est de cacher des issues

     

    André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

     

     

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  • André BRETON à la FENÊTRE

    chat,fenêtre,aurore,

     

    Quand les fenêtres comme l'œil du chacal et le désir percent l'aurore, des treuils de soie me hissent sur les passerelles de la banlieue.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • La NAISSANCE selon Jean-Louis GIOVANNONI

    naissance,neige,

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour que son corps

    la sépare à jamais.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'en elle

    elle ne puisse plus se rejoindre.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'elle ne sache plus être présente

    à elle-même.

     

    Jean-Louis GIOVANNONI, Choix de poèmes, Unes, 2024

     

     

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  • Les POÈTES selon Ewa LIPSKA

    lémurien,bois,écharde,

     

    Je vous aime bien m'écrit un poète de vingt ans.

    Charpentier débutant des mots.

     

    Sa lettre sent la sciure de bois.

    Sa muse dort encore dans le bois de rose.

     

    Dans la scierie littéraire retentit un bruit ambitieux.

    Les apprentis recouvrent de placage la langue crédule.

     

    Ils taillent de timides contre-plaqués de phrases.

    Sculptées par le rabot du haïku.

     

    Les problèmes commencent

    avec l'écharde enfoncée dans la mémoire.

     

    Difficile de l'extraire

    encore plus difficile de la décrire.

     

    Des copeaux volent. Trognons d'anges.

    De la poussière jusqu'au ciel.

     

    Ewa LIPSKA, Moi Ailleurs l'écharde, traduit du polonais, Grèges, 2008

     

     

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  • L'INJURE selon Guy LÉVIS MANO

    ciel,bleu,nuages,

     

    Tu ne sais pas la grande injure que tu fais à la candeur bleue du ciel

    que tu fais à l'offrande d'un parterre de tulipes

    à l'austérité d'un village de montagne qui lisse la peine des hommes

    que tu fais à une passante plus lente que les autres dont la demande est peut-être l'épouse de ta demande

    et dont la lenteur n'est peut-être qu'imploration

     

    Guy LÉVIS MANO, Loger la source, Folle avoine, 2007

     

     

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  • Gérard CARTIER sous la SONO

    phare,escalier,oeil,

     

    Sono à fond obsédante     scène vide sinon

    dans les ténèbres bleues lacérées d'éclairs

    un œil gigantesque au sombre iris     aspirant

    dans un lent tourbillon     tous les sens

     

    le spectacle est en soi le sang dans l'oreille

    en orage     hypnotisé     épreuve du temps

     

    qui s'apprête caché en coulisses     quel

    monstre à surgir dans ce maelström

     

    le mur de fond peu à peu zébré de fissures

    ...

     

    Gérard CARTIER, Le voyage intérieur, Flammarion, 2023

     

     

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  • La NUIT selon Guy LÉVIS MANO

    lumière,néon,

     

    A la nuit tu as pris plus qu'elle n'offrait

    parce que tes yeux la dépouillaient et que l'ombre sustente plus que la clarté

    et parce que la nuit est vacante

    et le passant riche

    d'être l'unique dans son miroir

    et que la clémence est dans la lune et non dans le soleil pour la peine de l'homme

     

    Guy LÉVIS MANO, Loger la source, Folle avoine, 2007

     

     

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