On compte les heures de la journée, tous les quartiers de l'année, mais l'on voit les équinoxes nous fuir
L'homme ne sait que fausser l'univers, puis tente de le rapiécer
ses épaules s'y perdent
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
On compte les heures de la journée, tous les quartiers de l'année, mais l'on voit les équinoxes nous fuir
L'homme ne sait que fausser l'univers, puis tente de le rapiécer
ses épaules s'y perdent
J'ai vu une Roue très haute qui n'était pas devant mes yeux, ni derrière moi ni à mes côtés, mais partout à la fois. Cette Roue était faite d'eau et aussi de feu et elle était, bien qu'on en distinguât le bord, infinie. Entremêlées, la constituaient toutes les choses qui seront, qui sont et qui furent. J'étais un fil dans cette trame totale, et Pedro de Alvarado, qui me tortura, en était un autre. Là résidaient les causes et les effets et il me suffisait de voir la Roue pour tout comprendre, sans fin. Ô joie de comprendre, plus grande que celle d'imaginer ou de sentir ! Je vis l'univers et je vis les desseins intimes de l'univers.
Jorge Luis BORGES, L'aleph, Trad. Roger Caillois, Gallimard, 1967.
Le problème, en ces jours de rentrée, sera de ne pas se laisser écraser par la pire de toutes : la roue tine.
Matthieu DORVAL, Land's end, exposition au Port-Musée de Douarnenez en 2011.
Nuit illustrée constellations
d'horloge
et son retentissant
tic-tac stellaire
Je me lève bientôt
pour donner à l'univers
mes pichenettes
Lorine NIEDECKER, Clavecin et poisson salé
in Louange du lieu et autres poèmes, Corti
(trad. Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès).
Les enveloppes dont la Matière se compose sont foncièrement hétérogènes les unes par rapport aux autres. (...) Ces multiples zones du Cosmos s'englobent sans s'imiter, de sorte que nous ne saurions en rien passer de l'une à l'autre par simple changement de coefficients (...) L'ordre, le dessin n'apparaissent que dans l'ensemble. La maille de l'Univers est l'Univers lui-même.
TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955.
Jérome PEIGNOT est un des grands spécialistes du texte imprimé. Il faut dire qu'il est tombé très jeune dans la marmite en plomb remplie d'encre. Voici par exemple une composition de son père Rémy évoquant l'univers :
Dans Typocédaire, Jérome PEIGNOT présente les polices à la disposition des imprimeurs et en commente... le caractère :
MISTRAL Moins dans le vent qu'il n'y paraît
DOMINO Rien de tel pour coucher une pensée noir sur blanc
PARK AVENUE Témoigne de l'adresse de son dessinateur
NEPTUNE Dieu des flots d'encre
NEON Parfait pour entuber
ASCOT Il est toujours dans la course
VENUS Belle dans tous ses corps ?
Jérome PEIGNOT, Typocédaire, L'Equerre, 1981.
Si le caillou
que je porte dans ma main
était un autre univers
semblable au nôtreOù le soleil se couche
et se lève
selon que j’ouvre
ou ferme la main
Ou si c’était un enfant
pétrifié
d’avoir vécu
Anise KOLTZ, L’Ailleurs des mots, Arfuyen, 2007.
... et voici l'univers sensible : bénigne aumône de l'apocalypse latente.
Une note en bas de page précise :
L'Univers est une catastrophe tranquille ; le poète démèle, cherche ce qui respire à peine sous les décombres et le ramène à la surface de la vie.
SAINT-POL-ROUX, Liminaire des Reposoirs de la procession, NRF Poésie Gallimard, 1997.