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  • Alain FRONTIER en CHAIR et en OS

    dos,colonne vertébrale,

     

    Depuis longtemps déjà, l'auteur de ce texte est en train de mourir. L'auteur de ce texte connaît tous les organes qui, par leurs actions combinées, le maintiennent depuis longtemps déjà dans cette position d'attente. Il sait qu'il porte en lui cette dislocation presque soudaine qui (à la faveur d'une réaction en chaîne étonnamment rapide) lui fera perdre un jour sa verticalité, et le fera s'affaisser sur lui-même, et fera se disjoindre les parties de l'ensemble. Il sait qu'il est traversé de haut en bas par une colonne osseuse qui maintient les parties molles de son corps et l'empêche de s'affaisser. Toutefois quelques uns des segments qui la composent sont l'objet d'une érosion lente et continue, laquelle finit par occasionner d'irréversibles déboîtements, la masse qu'elle a pour fonction de maintenir est le siège d'une infinité de douleurs, piqûres d'aiguilles, tranchées, crampes, élancements soudains, le plus souvent très supportables, qui contribuent encore à dénoncer l'espace dans lequel elle est inscrite.

    ...

     

    Alain FRONTIER, L'inventaire des choses, une anthologie internationale de poésie contemporaine, Action poétique 2007.

     

     

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  • EDMOND JABÈS ET LE TEMPS

    barreaux,prison,

     

    Ivre d'éternité, l'homme abusé dont chaque os est un barreau n'aura conçu, pour lui, que le temps, cette autre prison.

     

    Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.

     

     

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  • Jacques IZOARD et les ÉTINCELLES

    cimetière,labour,

     

    Qu'épaule se brise

    et que les os s'émiettent !

    Que la langue aussi

    s'amenuise !

    Ainsi le corps pulvérisé

    ne sera qu'étincelles !

     

    Jacques IZOARD, Dormir sept ans, La Différence, 2001.

     


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  • Nora BOSSONG face au DINDON


    DÉMÉNAGEMENT


    Le dernier jour je fermai le gaz.

    Je ne mangeai plus que du dindon froid,

    cassai des deux mains les os sternaux

    en forme de fronde, on dit que cela porte bonheur,

    je fermai les yeux

    et n'entendis plus que les craquements

    des os refroidis qui,

    si minces et poreux,

    n'auraient pu rien protéger,

    pas même le coeur

    d'un dindon froid

    cuit plusieurs jours avant.


    Nora BOSSONG (Décharge n°142, trad. de l'allemand Rüdiger FISHER)



    Ce peut être aussi le sentiment de qui quitte son lieu de vacances...

     

     

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