... c'est sans doute à partir d'expériences analogues à celles qu'invoque le surréalisme que les religions se sont formées, en donnant comme corrélatif à la conscience, qui vivait ces expériences un dogme affirmé et déterminé, ou, plus simplement, quelque vérité définissable sur le plan de l'objet, à laquelle, désormais, il fallait croire. Ainsi cet Autre, vers lequel la conscience de l'homme se dirige par essence, est toujours réduit au langage : il devient un autre monde. Le surréalisme veut conserver l'essence de la conscience religieuse en refusant ce qu'il considère comme son aliénation.
Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955