Les corps prennent dimension grandiose, mais c'est en échange de toutes nuances
Se couchant, le soleil les allonge aussi, mais ne promet qu'une nuit
de solitude, cernée de vie sauvage
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Les corps prennent dimension grandiose, mais c'est en échange de toutes nuances
Se couchant, le soleil les allonge aussi, mais ne promet qu'une nuit
de solitude, cernée de vie sauvage
Précipité de réponses, notre temps est servile pour les vérités et certitudes
puis en un vaste séjour, une nuit profonde garde nos corps étendus, un grand livre à la main
où tout reste à résoudre dans le secret d'une unique question
Ils avaient dormi tête contre tête et là, malgré ce voisinage physique, malgré cette coïncidence presque totale des attitudes, des positions, des souffles, la même chambre, le même oreiller, la même obscurité, le même tic-tac, les mêmes stimulants de la rue et de la ville, les mêmes radiations magnétiques, la même marque de café, la même conjonction planétaire, la même nuit pour tous les deux étroitement embrassés, ils avaient fait des rêves différents, ils avaient vécu des aventures différentes, l'un avait souri pendant que l'autre fuyait épouvantée, l'un avait repassé un examen d'algèbre pendant que l'autre arrivait dans une ville de pierres blanches.
Julio CORTAZAR, Marelle, Trad. Laure Guille-Bataillon, Gallimard 1966.
Matthieu DORVAL, Land's end, exposition au Port-Musée de Douarnenez en 2011.
Nuit illustrée constellations
d'horloge
et son retentissant
tic-tac stellaire
Je me lève bientôt
pour donner à l'univers
mes pichenettes
Lorine NIEDECKER, Clavecin et poisson salé
in Louange du lieu et autres poèmes, Corti
(trad. Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès).
ICARE DEVOLU
A tout poète
sept fois merci
pour oser t’avancer sans déplacer le monde
et combattre les murailles avec des graffitis
exposer ta présence
entre l’enclume et les maîtres du marteau
pour songer à ta dette envers toute solitude
pour apprendre à la chair à démasquer sa peau
pour éclairer les soleils blessés
et nourrir de ta nuit l’intérieur de l’avenir
sept fois merci
poète
horizon vertical
Daniel MAXIMIN, L’invention des Désirades, Points Seuil 2009.
Nuit 1
Dans la profonde des temps
vol de la pleine lunePasser la chemise de débauche
étoilée de plaisirs
Nuit 2Des temps d'hôtel
à la tombante noire
il fait bleu
Sommeil
Bouche de la nuit, qui délie le juge
Sommeil, vice, auge des abreuvements
Viens, sommeil.
Henri MICHAUX, La vie dans les plis, Gallimard 1972.