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Des paroles tout juste respirées ne survit qu'une musique sans souffle ni corde, et des couleurs azur et miel que le vol dédaigneux d'un corbeau à ras de bitume. Le rêve d'où je reviens à l'instant me laisse des souvenirs de quarante ans, mon pied ne sait plus la langue du sol mais bavardera bientôt, après la brève Annonciation de cette vie en moi.
réveil musculaire au jardin, des formes et des couleurs, aux rivières, qui poissonnent
puis les rêves effacés, c’est le corps qui sort des brumes porté par l’arbre du jour
et les idées enfin soutenues offriront en pommes d’or de sous ce jeune feuillage toute leur clarté
terre ferme
je me réveille
comme s'essouffle l'albatros
le pied au plancher
nœuds du réel
2, la cavale
L'œil a perdu sa rondeur, à sa place tout le bât de la journée, qui écrase le corps, mais débride les images, où les pensées ne sont plus un fardeau mais la cavale même, s'échappant vers les vastes plaines, qui s'additionne, somme nulle, à la déchéance de l'endormissement. Le sommeil et son rêve portent en eux l'écho de leur fin, le réveil, qui sonne les promesses quotidiennes, de son mécanisme encore grinçant.
À la mauvaise heure
...
Une rame blanche se réveille,
un toit bat des ailes,
un volet a frémi.
Un clocher se lève effrayé,
coupable : la foi doit se réveiller la première.
Première avant tout.
...
Kiki DIMOULA, Le peu du monde, 1971,
Poésie-Gallimard, 2010, Trad. Michel Volkovitch.
4:04
s'affiche sur le réveil
Sommeil introuvable