Ô fabuleux verrousD'alcôve bocagère
Où l'on ressent plus doux
Que frissons de fougères !
Henri PICHETTE, Odes à chacun, Gallimard, 1961.
Poésie - Page 69
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Henri PICHETTE, comme un POÈTE en BOCAGE
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Gérard NOIRET : POÈME de SAISON
Les congés payés
Les coudes écartés, la tête hors du wagon,
les rares qui bravaient les tunnels payaient
d'une escarbille leur défi,
celle qui continue de les faire pleurer
s'ils retrouvent une photo.
Il y a pour certains, morts depuis des lustres,
un souvenir au fond d'une cave,
quelque chose comme un vin de collection,
une bouteille d'époque napoléonienne
qu'il ne sert à rien de déboucher,
qui n'a de valeur que fermée sur elle-même.
Gérard NOIRET, Pris dans les choses, Obsidiane, 2003.
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George OPPEN et le NAUFRAGE
Hantés, déroutés
Par le naufrage
De l'individuNous avons choisi le sens
D'être en multitudeGeorge OPPEN, D'être en multitude, 1968.
(Trad. Yves di Manno, Editions Unes, 1985) -
SALVATRICE
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Lorine NIEDECKER SUSPENDUE
Ma vie est suspendue
dans la crue
portrait
brouillé
Ne t'éprends pas
de ce visage -
il n'existe plus
dans l'eau
où l'on ne pêche pas
Lorine NIEDECKER, Louange du Lieu et autres poèmes, 1949-70, Corti.
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Lorine NIEDECKER : ROULI-ROULA
Il construisit quatre maisons
pour pouvoir vivre.
En perdit trois
avant d'être vieux.
Il se demande maintenant
en balançant son fauteuil
s'il n'aurait pas dû construire
un bateau
rouli-roula
assis comme ça
Lorine NIEDECKER, Louange du lieu et autres poèmes, Corti, 1949-70.
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Henri PICHETTE LIBRE
LIBRE ! Ô cynique serpent des lettres sous la plume ! cloches mates ! orfraies ! coupe-doigts ! la liberté habille l'homme d'un poème. Je ne me reconnais pas : les poches pleines.
Henri PICHETTE, Apoèmes, Poésie/Gallimard, 1947.
Grisgris, Antonin ARTAUD.
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Alain TORTRA : SCHISME avec le CATÉ
...
Je grandis
J’ai maintenant des pantalons longs
J'ai maintenant onze ou douze ans
Je quitte le catéchisme
ma ferveur est déçue
On m’a forcé d’omettre un petit déjeuner
pour me faire avaler une rondelle de carton
Il n’y a pas eu de langue de feu pour descendre en moi
Pourtant j’aurais pu croire en Dieu
...
Alain TORTRA, Action Poétique n° 28-29, 1965.
On abondera à ce poème de saison, dans la mesure où nous sommes nombreux, en cette Pentecôte, à avoir reçu davantage d'eau sur la goule que d'Esprit-Saint.