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Poésie - Page 73

  • Octavio PAZ FACE au TEMPS

    fleuve,

     

    ...

    Le temps ne cesse pas de couler,

         le temps

    ne cesse d'inventer,

         ne cesse

    d'effacer ce qu'il invente,

         et ne cesse

    le flot des apparitions.

         Les bouches du fleuve

    disent les nuages,

          les bouches humaines

    disent les fleuves.

          La réalité a toujours un autre visage,

    le visage de tous les jours,

         celui que nous ne voyons jamais,

    l'autre visage du temps.

    ...

     

    Octavio PAZ, Le feu de chaque jour, Trad. Cl. Esteban, Gallimard 1979.

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  • Jean-Christophe BELLEVEAUX VA en BÂTEAU

     

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    (Port-Musée de Douarnenez)


    le poème se voudrait silex

    à trépaner l'opacité de l'être


    il résonne en moi

    qui me tiens à l'avant du bâteau

    l'écho de son tintement transperce


    lui et moi veillons

    dans le doute

    et nous répondant l'un à l'autre


    cela suffit-il à faire le bâteau plus sûr

    et le sable moins sable ?

    toujours les flots roulent la mémoire morte

    ce qui fut

    et ce qui doit finir


    Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.

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  • POÉSIE : Natalie DESSAY CONNAÎT la MUSIQUE

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    Depuis peu, Natalie DESSAY tient chronique sur France Musique. Nichée dans celle du 18 septembre, on a pu retenir cette phrase bien sentie, due à Jeanette WINTERSON

    Quand les gens disent que la poésie est un luxe, qu'elle est optionnelle..., j'imagine que ces gens ont la vie facile : une vie difficile a besoin d'un language difficile et c'est ce qu'offre la poésie.

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  • Nous RÎMES en ARRIVANT : TOPOR

    De Topor

     

    Bon sang !

    Le rire de Topor

    - Ce grand rire

    À dévorer le cosmos

    Et croquer les étoiles -

    Emporte en sa houle

    Toutes les peurs humaines !

     

    Et maints doutes m'écorchent :

    Saurais-je ainsi m'esclaffer

    Tel un dieu

    Sur le chahut des hommes ?

     

    Verrai-je un jour

    Ce corps - "mon" corps

    Dont le temps me dépossède -

    Traversé de risées autres

    Que celles des tourments ?

     

    Marc BERNELAS, Les cahiers de la rue Ventura n° 16.

     

    topor.jpg
    Faute de son, on peut voir ici comment,
    sous le crayon de Roland TOPOR
    ,
    on se fend la gueule.

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  • Jean-Christophe BELLEVEAUX : CORPS et AME

    si je dois une âme avoir,

    elle coule au sucre de l'été,

    murmure sur les pentes du monde,

    est un peu de chaque brindille

     

    mon corps, sois là

    dans l'odeur des poires vieillies,

    la lumière qui transige avec l'humain

     

    mon âme, emplis le mot qui te dit

    et conspire à toutes les réconciliations !

     

    Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.

     

    Poires ou autres fruits, le sucre est un peu rare cette année. Il faudra compenser par de l'esprit de corps et de la grandeur d'âme.

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  • Christian BOBIN et le FACTEUR MERLE

    Vous les animaux, vous avez une singulière façon de voir - par vos nerfs, vos muscles, vos dos, autant que par vos yeux. Tu venais d'atterrir de l'autre côté de la vitre, sur l'herbe verte du pré. Noir sur vert, et cette pâte orangée de ton bec, lumineuse comme une lampe Émile Gallé. Tiens, me suis-je dit en te voyant : du courrier. Un mot du ciel qui n'oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu'il n'en fallait. Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré.

     

    Christian BOBIN, L'impossible n° 5


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  • Zéno BIANU : le "JE" de COLTRANE

    où suis-je

    où ne suis-je pas

    où ai-je déjà traversé

    ces cascades où volent des éclats de jade

    les jours de grande chaleur

    où ai-je écouté cette mélancolie

    qui porte encore en elle

    l'impact des diamants

    taillés autrefois par les étoiles

    où ai-je éprouvé

    ce foudroiement silencieux

    j'ai tout oublié

    je file comme un bolide

    par une voie abandonnée

    à côté du temps

     

    Zéno BIANU, John Coltrane (méditation), Le castor Astral, 2012.

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    L'omniprésence du "je" rappelle jusqu'à l'obsession la forme de ce saxophone ténor au jeu tellement  "à côté du temps".

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  • Etienne FAURE et les CLOCHERS

    Parmi les stèles, le dos à terre
    à découvrir une histoire endormie,
    on lisait dans l'herbe un ouvrage,
    réveillé par le gong aux heures de bronze
    venu déclarer d'un coup la guerre
    dans un champ de blé, grenier du monde
    surpeuplé de clochers, agités, égotistes,
    en écho à ces volatiles
    perchés depuis longtemps sur le fumier
    d'un territoire, fille aînée de l'Eglise,
    où les clochers surplombant tout
    arguent d'un horizon de terroir cadastré
    pour imposer aux terre, aux pacages leur tempo,
    - ego, ego -, une histoire qui s'égosille
    d'angélus et victoires sur le sol français,
    à réveiller les morts.


    à l'ombre des clochers


    Etienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.


     

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