Chaque pierre
est le presse-papiers
de son absence.
Laurent ALBARRACIN, Le Secret secret, Flammarion 2012.
Poésie - Page 72
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Laurent ALBARRACIN et l'ABSENCE
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Lionel RAY : sa VIE, son POÈME
Rien ne ressemble plus à ma vie que le poème
Il connaît l'impossibilité d'être seul.
En lui d'un mot à l'autre grandit l'imprévisible
Mais aussi le chaos où les monstres sont tapis.
...
Mon poème prend le risque de lier le masque à l'aveu,
Mots et caillous dans la bouche,
Le prononcé des ombres et des viandes.
Ce n'est pas un miroir pour jeune fille,
Ni un alcool pour un soir de fête
Mais une prose qui ne connaît ni la pause ni la victoire.
Lionel RAY, revue Europe n° 1000, août-septembre 2012.
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Claude ADELEN : la CLEF INUTILE
Boîte-de-pandore-un-poème soulever
le couvercle. regarder là-dedans ? encore une
de tes métaphores. et que tu aies pu croire
Si longtemps avec ça ouvrir toutes portes
t'imaginer être celui
qui avait la bonne clef chaque mot
La bonne clef chaque livre
trousseau cliquetant
inutile. avec l'âge on revient
Dans une ville étrangère
les serrures ont été changées.
Claude ADELEN, Légendaire, Flammarion , 2009.
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Jean-Christophe BELLEVEAUX : FURIEUX
au centre du monde : l'homme (au centre de sa représentation du monde) avec des étangs où il pêche, avec des étoiles jaunes qu'il coud sur la poitrine d'autres hommes, avec
je marche. à grands pas furieux. l'homme.
Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.
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Le CHEMIN de Laurent ALBARRACIN
Le chemin a sa vie propre
il a son enfoncement en lui
ses fourrés plein les poches
il a les mûres aux doigts
le soleil dans la lumière
il siffle avec les merles
Laurent ALBARRACIN, Le Secret secret, Flammarion 2012.
Un bon chemin 2013
à tous ceux qui embarquent
parfois sur ce vent :poches pleines de trèfle et de pissenlit,
mûres aux doigts et aux fossettes,
lumière et merles en tête ! -
Laurent ALBARRACIN : les BONDS de l'ESPRIT
Chaque horizon découpe
la silhouette entière de la terre
Nous sommes à chaque ligne
des bâtisseurs d'aqueduc
dont les bonds de l'esprit
sont les arches folles
Laurent ALBARRACIN, Le Secret secret, Flammarion 2012.
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Paol KEINEG BOUGE
Un poème par jour
que j'abandonne pour le suivantparce que l'oubli
oblige à bouger.Paol KEINEG, Abalamour, Les Hauts Fonds, 2012.
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Octavio PAZ : la QUIÉTUDE dans le MOUVEMENT
...
Entre le faire et le voir,
action ou contemplation,
j'ai choisi l'acte des paroles :
les faire, les habiter,
donner des yeux au langage.
La poésie n'est pas la vérité :
elle est résurrection des présences,
histoire
transfigurée en vérité du temps sans date.
La poésie,
comme l'histoire, se fait ;
la poésie
comme la vérité, se voit.
La poésie :
incarnation
du soleil-sur-les-pierres en un seul nom,
dissolution
du nom dans l'au-delà des pierres.
La poésie,
pont suspendu entre histoire et vérité,
n'est pas un chemin vers ceci ou cela :
c'est voir
la quiétude dans le mouvement,
le passage
dans la quiétude.
L'histoire est le chemin :
en marche vers nulle part,
notre chemin à tous,
le parcourir est notre vérité.
Nous n'allons ni ne venons :
nous sommes dans les mains du temps.
La vérité :
nous savoir,
dès l'origine,
en suspens.
Fraternité sur le vide.
Octavio PAZ, Le feu de chaque jour, Trad. Cl. Esteban, Gallimard 1979.