Jours blancs jours de peine
jours de laine moutons
que l'on pousse et que l'on tond
troupeaux de jour sans haleine
...
Philippe SOUPAULT, L'arme secrète, 1946.
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Jours blancs jours de peine
jours de laine moutons
que l'on pousse et que l'on tond
troupeaux de jour sans haleine
...
Philippe SOUPAULT, L'arme secrète, 1946.
retouche au détachement
vieille et soudain perverse
l'âme au marteau d'ivoire disperse
livres tableaux dessins et fleurs de paravents
les murs sont blancs
Daniel BOULANGER, Vestiaire des anges, Grasset, 2012.
retouche au bonheur
devant le jardin en prière
l'arbre épouse son ombre
le soleil pontifie
sur le bord d'un verre où dort un fond d'eau
une fourmi tourne et croit à l'éternité
Daniel BOULANGER *, Vestiaire des anges, Grasset, 2012
* les plus assidus auront remarqué qu'il est mon préféré à moi que je préfère.
...
Je songe à vous absents ivres ou dormeurs
vents de terre et de mer
vous qui apprenez qu'il faut vivre
avec des ailes
ou dormir sans scrupules
...
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.
Say it with music
Les bracelets d'or et les drapeaux
les locomotives les bateaux
et le vent salubre et les nuages
je les abandonne simplement
mon coeur est trop petit
ou trop grand
et ma vie est courte
je ne sais quand viendra ma mort exactement
mais je vieillis
je descends les marches quotidiennes
en laissant une prière s'échapper de mes lèvres
À chaque étage est-ce un ami qui m'attend
est-ce un voleur
est-ce moi
je ne sais plus voir dans le ciel
qu'une seule étoile ou qu'un seul nuage
selon ma tristesse ou ma joie
je ne sais plus baisser la tête
est-elle trop lourde
Dans mes mains je ne sais pas non plus
si je tiens des bulles de savon ou des boulets de canon
je marche
je vieillis
mais mon sang rouge mon cher sang rouge
parcourt mes veines
en chassant devant lui les souvenirs du présent
mais ma soif est trop grande
je m'arrête encore et j'attends
la lumière
Paradis paradis paradis
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.
est-ce que la neige adoucit le paysage ?
est-ce important ?
des flocons comme on enfilerait des perles
de siècles
du temps qui file, dégringole...
mauvais temps ? au contraire, ça ralentit,
la vie se pose, le monde murmure sa
respiration longuement, c'est l'éternité.
absence. paix. un chien s'étonne sous les
sapins, moi je scrute le néant blanc, j'y
cherche une trace du verbe, quelque chose.
Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.
TOI LA NATURE
Toi la Nature
avec ton visage d’éternité
avec ta maniëre d’en conter
des aventures des histoires
toujours les mèmes
Avec ton arbre généalogique
qui n’en finit plus
de nous étouffer
avec ton existence
qui traîne partout
Toi la Nature je te fais reculer
avec le premier morceau
de ferraille venu
plongé dans ton sein
plein de rouille et de goudron
Moi l’Homme je lance contre toi
mon tramway jaune et rouge
et mon autobus bleu
Moi simple receveur
de la Compagnie des Transports en CommunPaul-Louis ROSSI, Action Poétique n° 17, juin 1962.
L'intégralité des numéros d'Action Poétique est à télécharger ici.
L'occasion de pêcher, par exemple, cet inédit (d'alors) de Max JACOB :
Les pédagogues n’ont pas de tact : la Rud’ UIm
Je me promène la nuit sous les arbres avec une belle jeune fille : elle est phosphorescente par intermittence et par amour.