est-ce que la neige adoucit le paysage ?
est-ce important ?
des flocons comme on enfilerait des perles
de siècles
du temps qui file, dégringole...
mauvais temps ? au contraire, ça ralentit,
la vie se pose, le monde murmure sa
respiration longuement, c'est l'éternité.
absence. paix. un chien s'étonne sous les
sapins, moi je scrute le néant blanc, j'y
cherche une trace du verbe, quelque chose.
Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.
Poésie - Page 71
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La NEIGE par MONTS et par BELLEVEAUX
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Paul-Louis ROSSI dans le MÉTRO
TOI LA NATURE
Toi la Nature
avec ton visage d’éternité
avec ta maniëre d’en conter
des aventures des histoires
toujours les mèmes
Avec ton arbre généalogique
qui n’en finit plus
de nous étouffer
avec ton existence
qui traîne partout
Toi la Nature je te fais reculer
avec le premier morceau
de ferraille venu
plongé dans ton sein
plein de rouille et de goudron
Moi l’Homme je lance contre toi
mon tramway jaune et rouge
et mon autobus bleu
Moi simple receveur
de la Compagnie des Transports en CommunPaul-Louis ROSSI, Action Poétique n° 17, juin 1962.
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TOUT ACTION POÉTIQUE !
L'intégralité des numéros d'Action Poétique est à télécharger ici.
L'occasion de pêcher, par exemple, cet inédit (d'alors) de Max JACOB :
Les pédagogues n’ont pas de tact : la Rud’ UIm
Je me promène la nuit sous les arbres avec une belle jeune fille : elle est phosphorescente par intermittence et par amour. -
Michel BUTOR au JAPON
Le râteau corrige les traces
qu'ont laissées les intempéries
effaçant aussi les oracles
dessinés par les azalées
Dans les fissures qui demeurent
des derniers séismes voici
un germe tentant l'aventure
dans l'émerveillement de ceux
qui n'ont pas encore retrouvé
tout à fait leur stabilité
après la ruine des maisons
où ils conservaient leurs trésors
C'est le temps qui passe et repasse
la lessive de nos journées
tandis que le rêve s'écoule
dans le sablier des errances
...
Michel BUTOR, Fleurs sur les trottoirs d'Osaka, la Nouvelle Revue Française, Du japon, mars 2012.
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Edwin MUIR au PONT de l'EFFROI
Mais lorsque tu atteindras le Pont de l'Effroi
Ta chair se recroquevillera dans son nid
Cherchant un refuge et ta tête nue
Rampera jusqu'au creux de ta poitrine,
Et ta grande masse mincira, rapetissera
Et se blottira dans sa cage d'os
Tandis qu'effaré tu verras tes pas
Devenir bonds de crapaud sur les pierres.
Si elles surviennent, tu ne sentiras pas
les couleuvres se glisser entre tes pieds,
Car la roue de la Folie de ta tête
Tournera sur ton cou sans fin.
...
Edwin MUIR, Revue Europe n° 912, Trad. Alain SUIED.
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Achille CHAVÉE et l'ÉLÉPHANT
Un éléphant se baladait dans ma cuisine
Je lui ai dit très gentiment
tu n'es pas ici chez un marchand
de porcelaine
tu es chez le poète
apprends à te conduire
et il disparut avec délicatesse sagement
...
Achille CHAVÉE, L'Enseignement libre, Éditions Haute nuit, Mons,1958.
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Mourid BARGHOUTI : le PALESTINIEN ERRANT
Tous arrivent à destination
la rivière et le train
le navire et la voix
la lumière et le courrier postal
les télégrammes de condoléances
les invitations à dîner
la valise diplomatique
le vaisseau spatial
tous arrivent à destination
sauf les pas que je fais
vers mon propre pays.
Mourid BARGHOUTI, revue Europe n° 1000, 2012 (trad. Hugo Para)
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La NEIGE d'Andreï SEN-SENKOV
cristaux de neige -
dents de lait de la pluie
Andreï SEN-SENKOV, revue Europe n° 1000, 2012 (trad. J.B.Para)