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Pour marcher sur un bâton
il faut tenir
un chemin à la main
ou lui glisser une bague
Tout bâton gît
sur la terre
comme une soustraction
abandonnée par ses nombres
Tout homme qui le ramasse
fait une croix
avec son ombre
et s'ajoute au chemin
qu'il soustrait
Tout homme
est une addition
retrouvée
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Serge PEY, Ahuc, poèmes stratégiques 1985-2012, Flammarion, 2012.
Poésie - Page 70
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BÂTON de PEY
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Serge PEY en sa MAISON
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Politesse de la poésie :
celui qui attend un invité
dans sa maison
doit frapper
à sa propre porte
pour inviter
celui qui entre
à entrer
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Serge PEY, Ahuc poèmes stratégiques 1985-2012, Flammarion, 2012.
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Pentti HOLAPPA... et HOP !
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Tout est possible, peu importe.
L'indifférence est la haute pensée
qui règle le cours de événements.
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Pentti HOLAPPA, Les mots longs, Poésie-Gallimard, 1997, Trad. Gabriel Rebourcet.
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Kiki DIMOULA : ELLE S'EN VA la BELLE SAISON
Mimétique
Personne ne s'en rendait compte, et tu t'en allais.
Tu t'es incarné dans le départ
autre, entraînant,
de l'été.
Tu faisais comme faisait le temps :
rapetissant comme rapetisse le jour,
te décolorant comme les arbres
se décolorent. Tu suivais,
sans être vue, des caravanes de paysages,
qui lentement roulaient vers une autre face.
Et nous disions elle s'en va la belle saison.
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Kiki DIMOULA, Le peu du monde, 1971,
Poésie-Gallimard, 2010, Trad. Michel Volkovitch. -
Laurent ALBARRACIN et les GRENOUILLES
Les grenouilles qui coassent
sont les cœurs éphémères de l'eau
elles appellent comme une pompe
amorçant sa disparition
un soufflet attisant son envolée
La bulle est aussi une fleur
en ses pétales nuls
Laurent ALBARRACIN, Le secret secret, Flammarion 2012.
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Kiki DIMOULA : la MÉMOIRE qui TRICHE
Autoconservation
Ce devait être le printemps
car le souvenir qui arrive
saute par-dessus des coquelicots.
Sauf si la nostalgie
dans sa hâte,
a mal vu le souvenu.
Tout se ressemble tant
au moment de la perte.
Mais la mémoire est peut-être exacte
et ce fond étranger,
et les coquelicots issus
d'une autre histoire,
mienne ou étrangère.
La mémoire fait des coups pareils.
Par amour du beau ou par vanité.
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Kiki DIMOULA, Le peu du monde, 1971,
Poésie-Gallimard, 2010, Trad. Michel Volkovitch. -
Georges GUILLAIN sur la PIERRE
puis assis sur la pierre elle
est chaude polie pourtant par l'eau
glacée - dedans la pointe d'un bâton de marche
qui bouillonne - juste le temps de reprendre souffle
avant de s'éloigner et d'emprunter peut-être une autre force
à l'usure immobile des choses - leur ombre qui grandit quand
on tourne le dos
Georges GUILLAIN, Avec la terre, au bout, Atelier La Feugraie, 2011
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La NUIT des ÉTOILES avec Lorine NIEDECKER
Matthieu DORVAL, Land's end, exposition au Port-Musée de Douarnenez en 2011.
Nuit illustrée constellations
d'horloge
et son retentissant
tic-tac stellaire
Je me lève bientôt
pour donner à l'univers
mes pichenettes
Lorine NIEDECKER, Clavecin et poisson salé
in Louange du lieu et autres poèmes, Corti
(trad. Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès).