Foutez moi à la mer
mes amis
mes amis quand je mourrai
Ce n'est pas qu'elle soit belle
et qu'elle me plaise tant
mais elle refuse les traces
les saletés les croix les bannières
Elle est le vrai
silence et la vraie solitude
...
Philippe SOUPAULT, Sang Joie Tempête, 1937.
Poésie - Page 70
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Philippe SOUPAULT : SUPPLIQUE pour ÊTRE FOUTU à la MER
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Henry BAUCHAU : les NOMS
LES NOMS
À la fenêtre des images
Dieu nommait les objet d'un mot si naturel
que les couleurs en s'animant
demeuraient à l'état naissant
tout en ombre et tout en lumière
Henry BAUCHAU, L'escalier bleu, Gallimard, 1964.
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Laurent ALBARRACIN et la FOUGÈRE
Fougère foudre légère
poussée en son point d'impact
comme une cravache de l'air
un harnais de cuir en pot
un fouet sage, la côte d'une cage
où naît l'oiseau du ciel
Laurent ALBARRACIN, Le Secret secret, Flammarion 2012.
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SOUPAULT, OUI ! le TROUPEAU, NON !
Jours blancs jours de peine
jours de laine moutons
que l'on pousse et que l'on tond
troupeaux de jour sans haleine
...
Philippe SOUPAULT, L'arme secrète, 1946.
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Daniel BOULANGER A MANGÉ son PAIN BLANC
retouche au détachement
vieille et soudain perverse
l'âme au marteau d'ivoire disperse
livres tableaux dessins et fleurs de paravents
les murs sont blancs
Daniel BOULANGER, Vestiaire des anges, Grasset, 2012.
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Daniel BOULANGER COMME du BON PAIN
retouche au bonheur
devant le jardin en prière
l'arbre épouse son ombre
le soleil pontifie
sur le bord d'un verre où dort un fond d'eau
une fourmi tourne et croit à l'éternité
Daniel BOULANGER *, Vestiaire des anges, Grasset, 2012
* les plus assidus auront remarqué qu'il est mon préféré à moi que je préfère.
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Philippe SOUPAULT et les VENTS
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Je songe à vous absents ivres ou dormeurs
vents de terre et de mer
vous qui apprenez qu'il faut vivre
avec des ailes
ou dormir sans scrupules
...
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.
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C'EST dans les VIEUX SOUPAULT...
Say it with music
Les bracelets d'or et les drapeaux
les locomotives les bateaux
et le vent salubre et les nuages
je les abandonne simplement
mon coeur est trop petit
ou trop grand
et ma vie est courte
je ne sais quand viendra ma mort exactement
mais je vieillis
je descends les marches quotidiennes
en laissant une prière s'échapper de mes lèvres
À chaque étage est-ce un ami qui m'attend
est-ce un voleur
est-ce moi
je ne sais plus voir dans le ciel
qu'une seule étoile ou qu'un seul nuage
selon ma tristesse ou ma joie
je ne sais plus baisser la tête
est-elle trop lourde
Dans mes mains je ne sais pas non plus
si je tiens des bulles de savon ou des boulets de canon
je marche
je vieillis
mais mon sang rouge mon cher sang rouge
parcourt mes veines
en chassant devant lui les souvenirs du présent
mais ma soif est trop grande
je m'arrête encore et j'attends
la lumière
Paradis paradis paradis
Philippe SOUPAULT, Georgia, 1926.