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Poésie - Page 74

  • Étienne FAURE : COMME à la GUERRE

    Crépin et Crépinien sont les saint patrons des cordonniers. Ils donnèrent d'ailleurs leurs noms respectifs à une de leurs fameuses inventions : les semelles de crêpe.

     

    Trop vite avaient poussé leurs pieds pendant la guerre,

    leurs os de jeunesse en gare embarqués

    dans les lignes de fuite au sol occupé,

    et voilà la pointure en plein conflit

    dépassée, atteignant l’échelle

    d’orteils adultes – 39-40 –

    recroquevillés comme en chien de fusil

    dans le froid des chaussures,

    cinq ans emprisonnés par les mêmes godasses,

    des cors, des durillons, des oignons rouges,

    et le cuir lentement fait puis défait

    - retour à pied -

    plus tard à l’air libre, à danser sur l’asphalte,

    gonflés, comme enflés d’avoir arpenté

    une histoire déjà longue. 

     

    épopée

     

    Étienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.

     

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  • CONFIDENCE pour CONFIDENCE

    confidentiel,nouvel obs,pétition

    Le site du Nouvel Obs nous apprend que "pour 180 poètes, la poésie est en danger".  

    On y lit que 

    lesdits poètes ont donc lancé une pétition confidentielle

     

    Incroyable, cette constance des poètes à toujours oeuvrer dans la discrétion !

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  • Emmanuel MOSES le MATIN

    Chaude émergence du matin

    les crêtes affirment leur grande infirmité

    le chaos nocturne n'est pas chassé

    on a vu ici un renard

    préférer la mort à la lumière

    en tout cas l'histoire circule

    de tablée en tablée

    maintenant le premier oiseau chante la gaieté de la neige au goût d'éveil

    l'innocence se retrouve et se féconde

    il dédaigne la traîne précieuse sous ses pieds

     

     

    Emmanuel MOSES, Figure rose, Flammarion, 2006.

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  • Zbigniew HERBERT contre le MUR

    Le mur

    Nous sommes debout devant le mur. On nous a ôté notre jeunesse comme notre chemise aux condamnés. Nous attendons. Avant que la balle grasse ne s’assoie sur la nuque, dix, vingt ans s’écoulent, le mur est haut et solide. Derrière le mur il y a un arbre et une étoile. L’arbre sape le mur de ses racines. L’étoile grignote la pierre comme une souris. Dans cent, deux cents ans il y aura déjà une petite fenêtre.

    Zbigniew HERBERT, Corde de lumière, Œuvre poétiques complètes I, Le bruit du temps, 2011.


    mur,fenêtre,


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  • Zbigniew HERBERT au JARDIN

    Daoulas,jardin,

    Le jardin botanique

     

    C'est un pensionnat de plantes, dirigé avec rigueur comme les écoles de bonnes soeurs. Les herbes, les arbres et les fleurs, poussent avec décence sans luxuriance végétale, en se gardant des caresses interdites avec les bourdons. Elles sont retenues par leur dignité latine et le devoir d'être un exemple. Même les roses ont la bouche pincée. Elles rêvent d'un herbier.
    Les vieillards viennent ici avec des livres et s'endorment dans le tic-tac des cadrans solaires.

     

    Zbigniew HERBERT, Cadre de lumière, Oeuvres poétiques complètes I, 2011. 

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  • RIMBAUD : v'la JUIN

    ...
    Les tilleuls sentent bons dans les bons  soirs de juin !
    L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
    Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
    A des parfums de vigne et des parfums de bière ...
    ...

    Arthur RIMBAUD, Roman, 1870.

    On souscrit.
    Si les 17 ans sont loin, reste au moins la bière.

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  • Agnès ADDA : un NOM... ÉQUILIBRÉ

    Équilibres

    Le funambule, une flèche sur une corde

    Muni d'un arc, il chuterait.


    Le somnambule dévide sa pelote de songe

    Ne l'interpelle pas, tu en couperais le fil.


    Tangue la balance aux épaules du pêcheur

    Prête à chavirer, dans les marais.


    Qu'une vibration n'échappe à l'ouïe de l'accordeur

    Maestro du ton juste.


    Ne guette que les syllabes des anges

    Car la symphonie du Malin étourdit.


    Bannir la période. Épouser la vibration

    qui sille d'un son pur.

    Agnès ADDA, Arpa n° 103.


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  • PRÉSIDENT TIMBRÉ

    La pièce de cinq pesètes

    La pièce de cinq pesètes
    Je l’ai mise dans la fente
    Du distributeur de timbres
    Et j’ai pressé le bouton

    J’ai reçu la petite image
    D’un homme à face de furoncle
    A dos collant

    Sur celle-là je cracherai
    Je l’écraserai du poing
    Je l’enverrai
    Loin

    Faisant ainsi je ferai
    Ce que font en attendant mieux
    Bien des gens de ce pays

    (Barcelone 1966)

    André PIEYRE de MANDIARGUES.

     

    Les pesètes n'ayant plus cours - ni la chose, ni ce nom si désuet -, un bulletin de vote suffira.

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