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Poésie - Page 76

  • Les BOURGEONS de Mario URBANET

     

     

    Au fond de l'océan

     

    ...

    derrière le mur

    un toit protège le sommeil des justes

    nonobstant le ciel aveugle

    lourd d'un avenir couleur de sombre

     

    à moins que les bourgeons du poète

    n'y fassent éclore des fleurs de garance

    que cueilleront les humbles

    pour en faire leur drapeau

    et marcher sur les intarissables regains

    de nouvelles bastilles

    ...

     

    Mario URBANET, in Les poètes en Val d'hiver, Corps Puce, 2011.

     

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  • ' FAIT BASHÔ

     

     

    D'habitude si détestables

    les corbeaux

    mais ce matin de neige ah !

     

    Bashô, in 365 haïkus - instants d'éternité, Albin Michel, 2010. Trad. Hervé Collet et Cheng Wing Fun. 

     

    Les corbeaux ne seront jamais surpris par la chute de la neige en hiver, ce qui les différencie des journalistes de télévision.

     

     

     

     

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  • Philippe LONGCHAMP : en PHOTO

     

     

     

    ...

    Ils veulent bien que je les prenne

    en photo. C'est du noir et blanc,

    on ne verra pas le violet

    sombre du tee-shirt de Marianne.

    Comme je pars, il me rejoint,

    écrit pour moi l'adresse d'elle.

    Si la photo n'est pas ratée,

    je la leur enverrai, promis !

    et ces mots avec, puisque je

    les ai aussi pris en poème.

     

    Philippe LONGCHAMP, La ville du jardin des latitudes, Le Dé Bleu, 2004.



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  • Philippe LONGCHAMP : à BRIDE RETENUE

     

    nacelle,philippe longchamp,gestes,


    ...
    quand la nacelle est au sommet,
    on ne doit faire que des gestes
    très doux, très mesurés, sinon
    la mince architecture oscille
    beaucoup, c'est plutôt dangereux,
    et travailler est impossible.
    J'imagine un ballet lunaire,
    un ralenti de cinéma
    pour deux hommes en salopette,
    qui se repassent les outils
    dans des mouvements de danseuse,
    des arrondis de courtisan
    fisant révérence à la Reine,
    afin de serrer trois boulons,
    remplacer un joint de plastique,
    souder un onglet, en plein ciel,
    à hauteur d'un sixième étage,
    au bout d'un doigt de métal bleu.

     

    Philippe LONGCHAMP, La ville du jardin des latitudes, Le Dé Bleu, 2004.

     

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  • Pentti HOLAPPA : JEUNESSE BOITEUSE

     



    Préparatifs de voyage

    ...
    Je rentre à peine des États-Unis et de France, de Suède aussi.
    À la télévision chez eux, on rit. Les gens s'amusent.

    De nos jours d'ailleurs ils semblent étranges, tous, jeunes et beaux.
    Il n'y avait rien de tel dans ma jeunesse. Nous boitions.
    ...

    Pentti HOLAPPA, N'aie pas peur, NRF-Poésie Gallimard, 1997 (trad. Gabriel Rebourcet)


    C'est que, de nos jours, le roi rit. Un temps reviendra où le roi boite.

     

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  • Paul-Jean TOULET : un POETE à GALETTE ?

     

     

    Encore un poème de saison : pour le nuage, l'épaisse nuit et la frangipane...

     

    Ainsi, ce chemin de nuage,
    vous ne le prendrez point,
    d’où j’ai vu me sourire au loin
    votre brillant mirage ?

    Le soir d’or sur les étangs bleus
    d’une étrange savane,
    où pleut la fleur de frangipane,
    n’éblouira vos yeux ;

    ni les feux de la luciole
    dans cette épaisse nuit
    que tout à coup perce l’ennui
    d’un tigre qui miaule.

    Paul-Jean TOULET, Contrerimes, 1920.

     

     

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  • Christian VIGUIÉ contre l'HABITUDE du MONDE

     

     

    Pour entamer l'année, un texte en forme de mode d'emploi pour poète :

     

     

    La plupart du temps

    je me tais et j'écoute

    je surprends des phrases simples

    Elles servent à ramener

    et à hisser une chose qui grince

    avec la poulie du soleil

     

    Après cela

    je réfléchis à cette langue

    et à cette corde

    que l'on abandonne

    et que l'on peut reprendre

    à tout moment

     

    Je pense à leur utilité

    tressée par la banalité

    ou l'émerveillement

     

    à leur façon de faire grincer

    l'habitude du monde.

     

    Christian VIGUIÉ, Revue ARPA n° 102.

     


    Ou en forme de voeux :

    que 2012 soit une année de simplicité, d'écoute et d'émerveillement,

    une année sans grincement qui ne soit touché par le soleil.

     

     

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  • Jan BAETENS : POMPISTE et POMPIER



    Les vacances et la tradition des étrennes font de ce poème un texte de saison :

     

     

    Le pompiste

     

    Avec mon bel

    Uniforme et

    Sur le coeur mon

    Insigne, avec

    Aussi l'enseigne

    Jour et nuit cli-

    Gnotant, jetant

    Sur l'alentour

    Jets de lumière

    Sur jets de feux

    Et avec en vente

    Libre briquets

    Et allumettes

    J'aurais pu être

    Ce que maman

    Jamais que je

    Devinse ne

    voulut : pompier

     

    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.

     

     

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