Équilibres
Le funambule, une flèche sur une corde
Muni d'un arc, il chuterait.
Le somnambule dévide sa pelote de songeNe l'interpelle pas, tu en couperais le fil.
Tangue la balance aux épaules du pêcheurPrête à chavirer, dans les marais.
Qu'une vibration n'échappe à l'ouïe de l'accordeurMaestro du ton juste.
Ne guette que les syllabes des angesCar la symphonie du Malin étourdit.
Bannir la période. Épouser la vibrationqui sille d'un son pur.
Agnès ADDA, Arpa n° 103.
arpa
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Agnès ADDA : un NOM... ÉQUILIBRÉ
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Christian VIGUIÉ contre l'HABITUDE du MONDEPour entamer l'année, un texte en forme de mode d'emploi pour poète : La plupart du temps je me tais et j'écoute je surprends des phrases simples Elles servent à ramener et à hisser une chose qui grince avec la poulie du soleil Après cela je réfléchis à cette langue et à cette corde que l'on abandonne et que l'on peut reprendre à tout moment Je pense à leur utilité tressée par la banalité ou l'émerveillement à leur façon de faire grincer l'habitude du monde. Christian VIGUIÉ, Revue ARPA n° 102. Ou en forme de voeux : que 2012 soit une année de simplicité, d'écoute et d'émerveillement, une année sans grincement qui ne soit touché par le soleil. 
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Gaëlle JOSSE après les RÊVESNous arrivons à l'heure où nos rêves s'amincissent, rattrapés par les jours, il nous faut quitter nos ermitages, nous accommoder, surnager. L'essentiel s'est joué aux dés, après on se débrouille. ... Nous arrivons à l'heure où les fleuves sacrés s'échangent contre un ruisseau à truites, et le feu des dieux contre une flambée maison ouverte. Il reste des élans, des navigations secrètes, des sentiers à parcourir, des arbres à écouter bruire, des abandons. La terre est brûlée, oui, mais fastueux embrasements. Gaëlle JOSSE, ARPA n° 102. Après la tribulation d'une journée, il ne restera qu'à se livrer à l'examen de minuit. 
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Jean-Pierre LEMAIRE au PASSAGE du VENT
 Dans la forêt verte encore et dorée,en septembre, le vent s'ouvre des couloirs mystérieux, à ras de terre, à mi-hauteur, et fait remuer une seule fougère qui s'incline et salue, une seule branche dont les feuilles palpitent silencieusement. Sans le sentir, tu es sur son passage. Il faudrait qu'il se fraie en toi une issue et derrière, à la suite, on verrait bouger d'autres fougères, d'autres branches, d'autres hommes peut-être. Jean-Pierre LEMAIRE, revue ARPA n°100/101. 
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Pierre DHAINAUT et les OISEAUX........................................ Si tu ignores comment appeler ces oiseaux, ne le regrette pas, peut-être ainsi deviendras-tu ce regard qui les suit, qui s'accorde à leur rythme : pourquoi ils s'arrêtent, pourquoi ils s'en vont, personne évidemment ne répondra, tu le devineras, s'ils ont un secret, c'est le nôtre. ................ Pierre DHAINAUT, L'arche, le chemin, Revue ARPA n° 100-101. 
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Jacques LÈBRE : AMALGAME INTIMEParoles, et tout aussi bien poèmes, 
 dans un tympan gazeux, ou nébuleux,
 se dissolvent dans un amalgame intime,
 dans un composé d'impressions, de sensations,
 traversé d'explosions et d'effondrements,
 de collisions subites et d'éloignements ;
 et cela forme une atmosphère vivante
 où errent quelques petits noyaux de sens,
 ils ont la claire dureté des planètes
 et leur giration alterne ombre et lumière
 dans une énigme dont on ne sort pas.
 Jacques LÈBRE, Dans un tympan gazeux, ou nébuleux, revue Arpa n°98.
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Jacques LÈBRE : GARE à la MITRAILLE... 
 L'éponge de la nuit va se gorger de silence.
 L'émail du ciel sera tout tacheté de miettes.
 Ce fut presque une journée d'avant printemps,
 mais la succession des jours est une étrange mitraille,
 elle nous atteint en même temps qu'elle nous ignore.
 L'amour lui-même jamais ne saura enrayer le temps.Jacques LÈBRE, Dans un tympan gazeux, ou nébuleux, revue Arpa n° 98. Les douilles autour de nous montrent qu'on est déjà bien vieux... 
