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Poésie - Page 79

  • Pentti HOLAPPA : JEUNESSE BOITEUSE

     



    Préparatifs de voyage

    ...
    Je rentre à peine des États-Unis et de France, de Suède aussi.
    À la télévision chez eux, on rit. Les gens s'amusent.

    De nos jours d'ailleurs ils semblent étranges, tous, jeunes et beaux.
    Il n'y avait rien de tel dans ma jeunesse. Nous boitions.
    ...

    Pentti HOLAPPA, N'aie pas peur, NRF-Poésie Gallimard, 1997 (trad. Gabriel Rebourcet)


    C'est que, de nos jours, le roi rit. Un temps reviendra où le roi boite.

     

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  • Paul-Jean TOULET : un POETE à GALETTE ?

     

     

    Encore un poème de saison : pour le nuage, l'épaisse nuit et la frangipane...

     

    Ainsi, ce chemin de nuage,
    vous ne le prendrez point,
    d’où j’ai vu me sourire au loin
    votre brillant mirage ?

    Le soir d’or sur les étangs bleus
    d’une étrange savane,
    où pleut la fleur de frangipane,
    n’éblouira vos yeux ;

    ni les feux de la luciole
    dans cette épaisse nuit
    que tout à coup perce l’ennui
    d’un tigre qui miaule.

    Paul-Jean TOULET, Contrerimes, 1920.

     

     

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  • Christian VIGUIÉ contre l'HABITUDE du MONDE

     

     

    Pour entamer l'année, un texte en forme de mode d'emploi pour poète :

     

     

    La plupart du temps

    je me tais et j'écoute

    je surprends des phrases simples

    Elles servent à ramener

    et à hisser une chose qui grince

    avec la poulie du soleil

     

    Après cela

    je réfléchis à cette langue

    et à cette corde

    que l'on abandonne

    et que l'on peut reprendre

    à tout moment

     

    Je pense à leur utilité

    tressée par la banalité

    ou l'émerveillement

     

    à leur façon de faire grincer

    l'habitude du monde.

     

    Christian VIGUIÉ, Revue ARPA n° 102.

     


    Ou en forme de voeux :

    que 2012 soit une année de simplicité, d'écoute et d'émerveillement,

    une année sans grincement qui ne soit touché par le soleil.

     

     

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  • Jan BAETENS : POMPISTE et POMPIER



    Les vacances et la tradition des étrennes font de ce poème un texte de saison :

     

     

    Le pompiste

     

    Avec mon bel

    Uniforme et

    Sur le coeur mon

    Insigne, avec

    Aussi l'enseigne

    Jour et nuit cli-

    Gnotant, jetant

    Sur l'alentour

    Jets de lumière

    Sur jets de feux

    Et avec en vente

    Libre briquets

    Et allumettes

    J'aurais pu être

    Ce que maman

    Jamais que je

    Devinse ne

    voulut : pompier

     

    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.

     

     

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  • Jan BAETENS, le POTIER et l'ÉCRITURE

     

     

    Le potier

     

    Une terre mieux cuite que le pain,

    Un bec verseur à la place d'une fente,

    D'autres motifs, de vraies couleurs,

    Retranchées, ajoutées, aux images

    Mélées. Puis l'écriture s'en mêle

    Et une civilisation entière chavire.

    Désormais il y a un moule à casser.

    Tout est prêt pour l'ostracisme.

     

    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.

     

     

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  • Gaëlle JOSSE après les RÊVES

     

     

    Nous arrivons à l'heure où nos rêves s'amincissent, rattrapés par les jours, il nous faut quitter nos ermitages, nous accommoder, surnager. L'essentiel s'est joué aux dés, après on se débrouille.

    ...

    Nous arrivons à l'heure où les fleuves sacrés s'échangent contre un ruisseau à truites, et le feu des dieux contre une flambée maison ouverte. Il reste des élans, des navigations secrètes, des sentiers à parcourir, des arbres à écouter bruire, des abandons. La terre est brûlée, oui, mais fastueux embrasements.

     

    Gaëlle JOSSE, ARPA n° 102.

     

    Après la tribulation d'une journée, il ne restera qu'à se livrer à l'examen de minuit.

     

     

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  • Henri DELUY et la CONTRAINTE FATALE

     

     

    C'est la St Nicolas, mais attardons-nous un peu sur autre barbichu célèbre, évoqué ici : Georges PEREC :

     

    Le ciel est à côté des arbres

    Les feuilles humides étouffent

    D'autres feuilles. Il y a toujours

    Quelque chose à raconter. Il suffit

    de trouver où se donnnent les indications

    Nécessaires. Tu disais : il se fait tard.

     

    *

     

    Mourir

    est une contrainte difficile

     

    Henri DELUY, Premières suites, Flammarion, 1991.

     

     

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  • TRINTIGNANT FANFARONNE à l'ODEON

     

     

    .

    .

    .

    Oh Barbara
    Il pleut sans cesse sur Brest
    Comme il pleuvait avant
    Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
    C'est une pluie de deuil terrible et désolée
    Ce n'est même plus l'orage
    De fer d'acier de sang
    Tout simplement des nuages
    Qui crèvent comme des chiens
    Des chiens qui disparaissent
    Au fil de l'eau sur Brest
    Et vont pourrir au loin
    Au loin très loin de Brest
    Dont il ne reste rien.


    Jacques Prévert, Paroles, 1946.


    C'est à entendre dit par Jean-Louis TRINTIGNANT au Théâtre de l'Odéon ou si c'est trop loin, par exemple pour les sarthois, les ornais et les mayennais qui ne voudraient pas rester en rade, en naviguant par ici.

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