L'ancêtre
Après une vie fragile, préoccupée,
Je repose dans le paisible enclos des plantes.
Je prends enfin des vacances parmi les grandes plantes
Et parmi la terre qui ne bouge jamais.
Les lierres, les orties, qui poussent spontanément,
Sont mes complices.
Ils me parlent de l'air que j'ai tant respiré
Comme une chose à moi.
Dans rien je ne suis plus pour rien ;
Je vis de pensées sans origines,
Sans avenir, sans souvenir.
Je suis de nouveau compagnon de la force du limon.
Moi qui me suis dressé sur les choses terrestres,
Seigneur et maître,
Elles s'étendent maintenant sur moi.
Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000