Ce n'est pas au galop,
mais au pas, et au pas seulement
que la terre-jument
progresse.
Le fouet ne lui fait pas presser le pas,
non plus que la prière
...
Milan RUFUS, L'inquiétude du cœur, La Différence, 2002
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Ce n'est pas au galop,
mais au pas, et au pas seulement
que la terre-jument
progresse.
Le fouet ne lui fait pas presser le pas,
non plus que la prière
...
Milan RUFUS, L'inquiétude du cœur, La Différence, 2002
J'ai quitté une terre, qui n'était pas la mienne, pour une autre qui, non plus, ne l'est pas. Je me suis réfugié dans un vocable d'encre, ayant le livre pour espace.
Edmond JABÈS, Un étranger avec, sous le bras, un livre de petit format, Gallimard, 1991.
Lou
aux tripes
terre
de boyaux creusée
et couverte
aussi
Terre un jour
cédera sous
le poids
des urnes
océans ne seront pas
assez.
Nous ne saurons
plus
qui habita
la parole
pour qui
refaire une enfance
et le feu
et fin à nouveau
dans la déchirure
de l'astre.
Esther TELERMANN, Un versant l'autre, Fammarion, 2019
...
Elles montent dans les arbres. Pas par les branches, mais par la sève.
Le peu de forme qu'elles avaient, fatiguées à mort, elles vont la perdre dans les rameaux, dans les feuilles et les mousses et dans les pédoncules.
...
Ensuite, elles descendent par les racines dans la terre amie, abondante en bien des choses, quand on sait la prendre.
Joie, joie qui envahit comme envahit la panique, joie comme sous une couverture.
...
Henri MICHAUX, La vie dans les plis, Poésie-Gallimard, 1972
à la poussière
de la terre
de la poussière
du ciel ?
des étoiles ?
La ville que nul rayon ne saisit, n'enlace, ne réchauffe
laisse cependant circuler ses enfants pâles et dans ses rues
et dans la voie lactée - même s'ils ne savent pas
que toute artère a son double entre les étoiles
et si la terre se tait en chaque motte brune
c'est qu'elle n'a jamais cessé de parler
avec les langues des peuples vivants et des peuples morts
ainsi que quelques uns l'ont perçu, épelant
le vers grec ou russe - et ce n'est pas peu de choses non plus
que les lèvres qui épellent et le doigt qui suit le texte
soient faits d'argile ainsi qu'il a été dit.
Paul de ROUX, Le front contre la vitre, Gallimard, 1993
L'ancêtre
Après une vie fragile, préoccupée,
Je repose dans le paisible enclos des plantes.
Je prends enfin des vacances parmi les grandes plantes
Et parmi la terre qui ne bouge jamais.
Les lierres, les orties, qui poussent spontanément,
Sont mes complices.
Ils me parlent de l'air que j'ai tant respiré
Comme une chose à moi.
Dans rien je ne suis plus pour rien ;
Je vis de pensées sans origines,
Sans avenir, sans souvenir.
Je suis de nouveau compagnon de la force du limon.
Moi qui me suis dressé sur les choses terrestres,
Seigneur et maître,
Elles s'étendent maintenant sur moi.
Armand ROBIN, Le cycle du pays natal, La part commune, 2000