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Poésie - Page 78

  • JUDITH CHAVANNE : HALEINE PERDUE

     

     

    Oui, la Toussaint vaut mieux que ce parterre tonitruant de chrysanthèmes, place de l'Hôtel de Ville :

     

     

    Une bouche soudain

    ne happe plus sa bouffée d'air,

    ne prend plus part

    à la respiration immense,

    à l'haleine

    mêlée des bêtes et des hommes,

    à la sève exsudée dans l'obscurité par les feuilles,

    à l'humidité stagnante.

     

    Sonne

    une cloche infime, lointaine dans la nuit ;

    on n'écoute

    jamais que le contrepoint de l'absence :

    lui a cédé le jour, le souffle, jusqu'au halètement.

     

    Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.

     

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  • De QUOI Jan BAETENS EST-IL le GOÛT ?

     

     

    Avant le passage à l'heure d'hiver, un dernier petit tour chez le glacier :

     

     

    Le glacier

     

    Le goût d'un sorbet

    Comme à une rose

    Est le nom

    Qu'on lui donne.

     

    Le goût d'un nom

    Est celui des choses qu'il désigne.

    Est celui de la chose

    Qu'il est.

     

    Les glaces qu'ils aiment,

    Les enfants habillés de rose

    Les montrent

    du doigt.

     

    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.



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  • Jan BAETENS : la RÈGLE est DOUCE mais C'EST la RÈGLE

     



    Le grammairien


    Bure ou vaseline
    Garrot ou crinoline
    Pansement ou guillotine
    Couronne de lauriers couronne d'épines

    La règle est l'amie des hommes (leur langue fourchue,
    leur bec de lièvre, leur coeur et leur raison)


    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impression nouvelles, 2008.

     

     

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  • Judith CHAVANNE : ENFANT à ses DEVOIRS

     


    L'enfant est appliqué à ses livres et ses devoirs
    (la dentellière, dans les limites heureuses de son cadre,
    à son ouvrage : un coussin
    qui se moire de rouge et de bleu),
    premières lectures,
    et les mots au-dedans qui buissonnent,
    se poussent, croissent dans  le désordre ;
    l'enfant parfois s'arrête et regarde,
    posée sur la table,
    la pierre que l'on dit une rose
    et qu'on lui a rapportée des sables.

    Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.

     

    Les mots buissonnent, il est grand temps que les vacances arrivent.

     

     

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  • COMME on se RETROUVE...

     


    La revue sarthoise de Claude CAILLEAU  fête ses 3 ans d'âge par des numeros anthologiques...


    ...

    Par les vitres s'introduisent
    un mont Fuji une Sainte Victoire
    la croisée de canaux d'un bas pays
    C'est l'air qui appelle
    qui happe et qui hèle
    voyelle jaune et heureuse
    à l'effondrement des murs
    au chant des corps affranchis


    Henri CHEVIGNARD, Les cahiers de la rue Ventura, n° 13 A, 2011.


    Merci à lui et à ses Cahiers pour leur accueil !

     

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  • LUMIÈRES de Judith CHAVANNE

     

     


    La lampe - son abat-jour de toile - est éteinte
    elle est posée sur le bureau
    juste dans l'angle au-dessous de la fenêtre haute
    qui paraît une lucarne.

    Le soleil vient du levant, il touche en face
    le buis, le houx, les éternels ;
    les branches le retiennent à peine,
    le vent le disperse, l'étale sur tant de vert.

    Un buisson bleu d'hortensia
    dans le coin du cadre pointe la tête ;
    bleu comme le secret, comme à l'intérieur du feu

    il y a trois lumières.



    Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.

     

    hortensia bleu,

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  • Tomas TRANSTRÖMER : LANGAGE sans MOTS (rediffusion pour cause de nobélisation récente)

     

     

    Toujours à l'affût, Sur du Vent vous l'avait déniché le samedi 31 mai 2008 !

     


    Las de tous ceux qui viennent avec des mots
    des mots, mais pas de langage,
    je partis pour l'île recouverte de neige.
    L'indomptable n'a pas de mots.
    Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens !
    Je tombe sur les traces de pattes d'un cerf dans la neige.
    Pas de mots, mais un langage.


    Tomas TRANSTRÖMER, Baltiques et autres poèmes, Le castor Astral, 1989.

     

     

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  • Marcel THIRY en OCTOBRE

     

     


    Maintenant que nous retrouvons nos saisons, voici un poème à sortir de la réserve.
    Il provient d'une anthologie qui vient de paraître à La Table Ronde.

    thiry,port,éléphant,



    Nous nous taisons tous deux par les sentiers d'octobre,
    Merle ; ta saison et mon âge vont d'accord
    Pour ne plus essayer la rime ni la trille
    Des matins neufs dans l'éblouissement d'avril.
    Le bois n'entend qu'un rare ébat criard de geais.
    Les dernières sorbes sont des grives mangées.
    Les acacias légers avertisseurs de vent
    Balancent, c'est la nuit d'automne qui avance.
    L'an commence à compter à partir de Noël
    Ses derniers mois, décembre et novembre et octobre,
    Comme qui va suivant les silences du merle
    Et dénombre ses ans à partir de sa mort.

    Marcel THIRY, Âges, 1950.

     

     

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