Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Poésie - Page 75

  • Nous RÎMES en ARRIVANT : TOPOR

    De Topor

     

    Bon sang !

    Le rire de Topor

    - Ce grand rire

    À dévorer le cosmos

    Et croquer les étoiles -

    Emporte en sa houle

    Toutes les peurs humaines !

     

    Et maints doutes m'écorchent :

    Saurais-je ainsi m'esclaffer

    Tel un dieu

    Sur le chahut des hommes ?

     

    Verrai-je un jour

    Ce corps - "mon" corps

    Dont le temps me dépossède -

    Traversé de risées autres

    Que celles des tourments ?

     

    Marc BERNELAS, Les cahiers de la rue Ventura n° 16.

     

    topor.jpg
    Faute de son, on peut voir ici comment,
    sous le crayon de Roland TOPOR
    ,
    on se fend la gueule.

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Jean-Christophe BELLEVEAUX : CORPS et AME

    si je dois une âme avoir,

    elle coule au sucre de l'été,

    murmure sur les pentes du monde,

    est un peu de chaque brindille

     

    mon corps, sois là

    dans l'odeur des poires vieillies,

    la lumière qui transige avec l'humain

     

    mon âme, emplis le mot qui te dit

    et conspire à toutes les réconciliations !

     

    Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.

     

    Poires ou autres fruits, le sucre est un peu rare cette année. Il faudra compenser par de l'esprit de corps et de la grandeur d'âme.

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 2 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Christian BOBIN et le FACTEUR MERLE

    Vous les animaux, vous avez une singulière façon de voir - par vos nerfs, vos muscles, vos dos, autant que par vos yeux. Tu venais d'atterrir de l'autre côté de la vitre, sur l'herbe verte du pré. Noir sur vert, et cette pâte orangée de ton bec, lumineuse comme une lampe Émile Gallé. Tiens, me suis-je dit en te voyant : du courrier. Un mot du ciel qui n'oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu'il n'en fallait. Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré.

     

    Christian BOBIN, L'impossible n° 5


    Impossible.jpg

    ▶︎ Vent du jour : Poésie, Presse ▶︎ 1 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Zéno BIANU : le "JE" de COLTRANE

    où suis-je

    où ne suis-je pas

    où ai-je déjà traversé

    ces cascades où volent des éclats de jade

    les jours de grande chaleur

    où ai-je écouté cette mélancolie

    qui porte encore en elle

    l'impact des diamants

    taillés autrefois par les étoiles

    où ai-je éprouvé

    ce foudroiement silencieux

    j'ai tout oublié

    je file comme un bolide

    par une voie abandonnée

    à côté du temps

     

    Zéno BIANU, John Coltrane (méditation), Le castor Astral, 2012.

    coltrane,zeno bianu,

    L'omniprésence du "je" rappelle jusqu'à l'obsession la forme de ce saxophone ténor au jeu tellement  "à côté du temps".

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Etienne FAURE et les CLOCHERS

    Parmi les stèles, le dos à terre
    à découvrir une histoire endormie,
    on lisait dans l'herbe un ouvrage,
    réveillé par le gong aux heures de bronze
    venu déclarer d'un coup la guerre
    dans un champ de blé, grenier du monde
    surpeuplé de clochers, agités, égotistes,
    en écho à ces volatiles
    perchés depuis longtemps sur le fumier
    d'un territoire, fille aînée de l'Eglise,
    où les clochers surplombant tout
    arguent d'un horizon de terroir cadastré
    pour imposer aux terre, aux pacages leur tempo,
    - ego, ego -, une histoire qui s'égosille
    d'angélus et victoires sur le sol français,
    à réveiller les morts.


    à l'ombre des clochers


    Etienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.


     

    etienne faure,clocher,coq,ego


    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Étienne FAURE : COMME à la GUERRE

    Crépin et Crépinien sont les saint patrons des cordonniers. Ils donnèrent d'ailleurs leurs noms respectifs à une de leurs fameuses inventions : les semelles de crêpe.

     

    Trop vite avaient poussé leurs pieds pendant la guerre,

    leurs os de jeunesse en gare embarqués

    dans les lignes de fuite au sol occupé,

    et voilà la pointure en plein conflit

    dépassée, atteignant l’échelle

    d’orteils adultes – 39-40 –

    recroquevillés comme en chien de fusil

    dans le froid des chaussures,

    cinq ans emprisonnés par les mêmes godasses,

    des cors, des durillons, des oignons rouges,

    et le cuir lentement fait puis défait

    - retour à pied -

    plus tard à l’air libre, à danser sur l’asphalte,

    gonflés, comme enflés d’avoir arpenté

    une histoire déjà longue. 

     

    épopée

     

    Étienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • CONFIDENCE pour CONFIDENCE

    confidentiel,nouvel obs,pétition

    Le site du Nouvel Obs nous apprend que "pour 180 poètes, la poésie est en danger".  

    On y lit que 

    lesdits poètes ont donc lancé une pétition confidentielle

     

    Incroyable, cette constance des poètes à toujours oeuvrer dans la discrétion !

    ▶︎ Vent du jour : Poésie, Presse ▶︎ 3 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Emmanuel MOSES le MATIN

    Chaude émergence du matin

    les crêtes affirment leur grande infirmité

    le chaos nocturne n'est pas chassé

    on a vu ici un renard

    préférer la mort à la lumière

    en tout cas l'histoire circule

    de tablée en tablée

    maintenant le premier oiseau chante la gaieté de la neige au goût d'éveil

    l'innocence se retrouve et se féconde

    il dédaigne la traîne précieuse sous ses pieds

     

     

    Emmanuel MOSES, Figure rose, Flammarion, 2006.

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent