Parmi les stèles, le dos à terre
à découvrir une histoire endormie,
on lisait dans l'herbe un ouvrage,
réveillé par le gong aux heures de bronze
venu déclarer d'un coup la guerre
dans un champ de blé, grenier du monde
surpeuplé de clochers, agités, égotistes,
en écho à ces volatiles
perchés depuis longtemps sur le fumier
d'un territoire, fille aînée de l'Eglise,
où les clochers surplombant tout
arguent d'un horizon de terroir cadastré
pour imposer aux terre, aux pacages leur tempo,
- ego, ego -, une histoire qui s'égosille
d'angélus et victoires sur le sol français,
à réveiller les morts.
à l'ombre des clochers
Etienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.
étienne faure
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Etienne FAURE et les CLOCHERS
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Étienne FAURE : COMME à la GUERRE
Crépin et Crépinien sont les saint patrons des cordonniers. Ils donnèrent d'ailleurs leurs noms respectifs à une de leurs fameuses inventions : les semelles de crêpe.
Trop vite avaient poussé leurs pieds pendant la guerre,
leurs os de jeunesse en gare embarqués
dans les lignes de fuite au sol occupé,
et voilà la pointure en plein conflit
dépassée, atteignant l’échelle
d’orteils adultes – 39-40 –
recroquevillés comme en chien de fusil
dans le froid des chaussures,
cinq ans emprisonnés par les mêmes godasses,
des cors, des durillons, des oignons rouges,
et le cuir lentement fait puis défait
- retour à pied -
plus tard à l’air libre, à danser sur l’asphalte,
gonflés, comme enflés d’avoir arpenté
une histoire déjà longue.
épopée
Étienne FAURE, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011.