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Poésie - Page 80

  • Judith CHAVANNE : ENFANT à ses DEVOIRS

     


    L'enfant est appliqué à ses livres et ses devoirs
    (la dentellière, dans les limites heureuses de son cadre,
    à son ouvrage : un coussin
    qui se moire de rouge et de bleu),
    premières lectures,
    et les mots au-dedans qui buissonnent,
    se poussent, croissent dans  le désordre ;
    l'enfant parfois s'arrête et regarde,
    posée sur la table,
    la pierre que l'on dit une rose
    et qu'on lui a rapportée des sables.

    Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.

     

    Les mots buissonnent, il est grand temps que les vacances arrivent.

     

     

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  • COMME on se RETROUVE...

     


    La revue sarthoise de Claude CAILLEAU  fête ses 3 ans d'âge par des numeros anthologiques...


    ...

    Par les vitres s'introduisent
    un mont Fuji une Sainte Victoire
    la croisée de canaux d'un bas pays
    C'est l'air qui appelle
    qui happe et qui hèle
    voyelle jaune et heureuse
    à l'effondrement des murs
    au chant des corps affranchis


    Henri CHEVIGNARD, Les cahiers de la rue Ventura, n° 13 A, 2011.


    Merci à lui et à ses Cahiers pour leur accueil !

     

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  • LUMIÈRES de Judith CHAVANNE

     

     


    La lampe - son abat-jour de toile - est éteinte
    elle est posée sur le bureau
    juste dans l'angle au-dessous de la fenêtre haute
    qui paraît une lucarne.

    Le soleil vient du levant, il touche en face
    le buis, le houx, les éternels ;
    les branches le retiennent à peine,
    le vent le disperse, l'étale sur tant de vert.

    Un buisson bleu d'hortensia
    dans le coin du cadre pointe la tête ;
    bleu comme le secret, comme à l'intérieur du feu

    il y a trois lumières.



    Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.

     

    hortensia bleu,

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  • Tomas TRANSTRÖMER : LANGAGE sans MOTS (rediffusion pour cause de nobélisation récente)

     

     

    Toujours à l'affût, Sur du Vent vous l'avait déniché le samedi 31 mai 2008 !

     


    Las de tous ceux qui viennent avec des mots
    des mots, mais pas de langage,
    je partis pour l'île recouverte de neige.
    L'indomptable n'a pas de mots.
    Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens !
    Je tombe sur les traces de pattes d'un cerf dans la neige.
    Pas de mots, mais un langage.


    Tomas TRANSTRÖMER, Baltiques et autres poèmes, Le castor Astral, 1989.

     

     

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  • Marcel THIRY en OCTOBRE

     

     


    Maintenant que nous retrouvons nos saisons, voici un poème à sortir de la réserve.
    Il provient d'une anthologie qui vient de paraître à La Table Ronde.

    thiry,port,éléphant,



    Nous nous taisons tous deux par les sentiers d'octobre,
    Merle ; ta saison et mon âge vont d'accord
    Pour ne plus essayer la rime ni la trille
    Des matins neufs dans l'éblouissement d'avril.
    Le bois n'entend qu'un rare ébat criard de geais.
    Les dernières sorbes sont des grives mangées.
    Les acacias légers avertisseurs de vent
    Balancent, c'est la nuit d'automne qui avance.
    L'an commence à compter à partir de Noël
    Ses derniers mois, décembre et novembre et octobre,
    Comme qui va suivant les silences du merle
    Et dénombre ses ans à partir de sa mort.

    Marcel THIRY, Âges, 1950.

     

     

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  • Un OUVRAGE de Jan BAETENS

     

    moine,

     

    Le moine

     

    Ce n'est pas un métier,

    C'est une vocation.

    Si jamais je défroque

    Ce sera pour entendre

    La belle Écho du monde.

     

    Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.

     

    La photo provient d'une exposition au Manoir de Couesme à Ancinnes qui s'achève dimanche 2 octobre !

     

     

     

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  • QUENEAU pour AVOIR du SON

     

     

    âne,

     

    C'est un grand âne gris avec une belle croix noire dans le dos

    qui brait et crie et pète bien fort pour faire rire les amis

    ...

    Ah quel âne et quel péteur quel chanteur quelle joie

    Qu'on lui donne double portion de foin et de chardons

    Et danse et danse encore le rond des villageois

     

    Raymond QUENEAU, Chêne et chien, Gallimard, 1952.

     

     

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  • QUENEAU se RELIT (et même très bien)

     

     

    Modestie
     
    Quand crois-tu quand crois-tu
    que cancre d’être cesseras
    et qu’encre tu plus ne gaspilleras
    à des conneries superflues
     
    qui es-tu ? qui te crois-tu ?
    te crois-tu toi ? me crois-tu moi ? 
    l’encre perle au bout des doigts
    qui es-tu pour t’être ainsi pas tu ? 
     
    j’écrivis et je me relus
    c’est les deux choses que je fis
    il n’y aurait peut-être pas de quoi être fier
    si ne m’étant ainsi relu
    aussi sec ne me tais-je


    Raymond Queneau, Le Chien à la mandoline, 1965.



    Alors : remplaçons "cancre" par "geek" et "encre" par Facebook, on perdrait certes quelques bonnes allitérations, mais ça aurait encore du sens !

    Un visionnaire, ce Queneau.
    Que si.

     

     

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