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Poésie - Page 80

  • Louis ARAGON : une CHANCE au TIRAGE

     

     

    Ecouté récemment cette excellente émission (grâce au podcast, qui est au XXIème siècle ce que le VHS était au XXème, la poussière en moins).

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    On y entend Louis ARAGON savourer la large audience de ses poèmes par le biais de la chanson.
    Puis il évoque par comparaison les tirages dont devaient se satisfaire de leur vivant ses glorieux devanciers poètes : 1500 exemplaires pour les parutions de Paul VALERY et entre 1000 et 1200 pour Victor HUGO...

    Moralité : pour vivre de sa poésie, quand elle n'est pas adaptée par FERRE, BRASSENS ou FERRAT, il faut être mort.
    Sinistre perspective.

     

     

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  • Jacques IZOARD ATTEINT le BLEU

     

     

    Dans la tête, mille petites têtes
    ont des regards partout,
    font l’obscurité, la clarté.
    Nous pénétrons dans chacune d’elles.
    Se morcèlent nos cerveaux.
    Nous atteignons le bleu.
     
     
    Dans le caillou, le poing gelé.
    Mais un cœur bat quand même
    qui ne fait que répéter
    soubresauts et coups sourds.
    D’autres poings dans le poing
    sont des pierres à la volée.


    Jacques IZOARD, Thorax, Phi éd. 2008.

     

     

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  • Jean-Pierre THUILLAT : les ENFANCES BARBARES

     

     

    Nous jouions de pierres et de bois.

    Sur nos sentiers de guerre

                                          pour rire

    on croisait des morts des blessés

    la cruauté était de mise.

     

    Pourquoi la nostalgie des coups

    des tibias transpercés

                                  du sang ?
    Cette barbarie de l'enfance
    valait-elle mieux que vos courbettes ?

    Jean-Pierre THUILLAT, in Poésie Première n°42.

     

     

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  • Juliette BINOCHE : la LECTRICE APPRIVOISEE

     

     

    Je ne porte la poésie que lorsqu’elle branche les antennes des  profondeurs,  c’est  à  dire  qu’elle  ose  une  sincérité déconcertante.

    La  poésie  est  un  langage  de  l’invisible,  un  ressenti  qui s’exprime avec  le concentré,  le peu,  le dense. Le moins pour le plus, elle se retire pour attirer. C’est une opération à cœur ouvert où le verbe prend corps.

    Juliette BINOCHE, La poésie s'apprivoise,
    texte publié à l'occasion de l'édition 2011 du Printemps des Poètes.

     

     

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  • Marcel MIGOZZI au JARDIN

     

     

    Jardin ouvrier à bidons
    D’eau de pluie tu rafraîchis
    Le visage d’un père mort
    Attachant sous des yeux d’enfant
    Les tiges frêles des tomates
    à l’avenir 
     
    (rouge avenir) 


    Marcel Migozzi, Cité aux entrailles sans fruits, Gros Textes, 2010.


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  • Yi Ho-U : PAS la LUNE

     

    À Apollo 8

     

    Dieu s'en émerveillerait ou croirait à un plaisant jeu d'enfant.

    Planer vers la lune, c'est dans la galaxie

    le chas de l'espace.

    Belle qu'on ne doit violer, laissons la lune vierge.

     

    Yi Ho-U, in Poésie Première n° 40, trad. Henri-Charles Alleaume et Choé Joo-Young.

     

    Ce sera malgré tout demain le 42ème anniversaire de ce viol.

     

     

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  • HAÏKU des VACANCES

     

     

    Fête de l'école -
    On s'isole pour fumer
    derrière la grille

     

     

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  • Emmanuel MOSES en SYRIE

     

     

    Hibiscus syrien, souci et chenille
    ornaient le disque du soleil couchant
                                       je suis allé trop loin
    dans le retour
    l’éternité n’a pas toujours fait œuvre de blason

    Emmanuel Moses, L’Animal, Flammarion, 2010

     

    Rappelons que, même en Syrie, le souci est une plante ornementale florissant tout l'été, et que ce n'est que par analogie si la chenille désigne un équipement militaire.

     

     

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