Oui, la Toussaint vaut mieux que ce parterre tonitruant de chrysanthèmes, place de l'Hôtel de Ville :
Une bouche soudain
ne happe plus sa bouffée d'air,
ne prend plus part
à la respiration immense,
à l'haleine
mêlée des bêtes et des hommes,
à la sève exsudée dans l'obscurité par les feuilles,
à l'humidité stagnante.
Sonne
une cloche infime, lointaine dans la nuit ;
on n'écoute
jamais que le contrepoint de l'absence :
lui a cédé le jour, le souffle, jusqu'au halètement.
Judith CHAVANNE, Un seul bruissement, Le bois d'Orion, 2009.