Le singe (ou son cousin) le singe devint homme
lequel un peu plus tard désagrégea l'atome
...
Raymond QUENEAU, Petite cosmogonie portative, Gallimard, 1969
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Le singe (ou son cousin) le singe devint homme
lequel un peu plus tard désagrégea l'atome
...
Raymond QUENEAU, Petite cosmogonie portative, Gallimard, 1969
de paille
un homme
piafs et naïfs
étourneaux et étourdis
abusés
Malgré les limites du cadre, un ange se tient dans toute la distance de sa verticalité transparente
son sourire invisible et silencieux, mais s'ouvre un dialogue voué à l'infini, des souvenirs comme des horizons
les voix sont égales de grâce et l'ange, sans plus de soupçon de vanité, se hisse à hauteur d'homme
et pour cela renonce à ses ailes qui vicieraient la réalité du monde, fausseraient la distance entre les âmes
Un effleurement perpétuel serait la douleur de l'ange, comme une voix étrangère qui parlerait par sa voix
en délivrant du haut vers le bas un message définitif sans les irisations incertaines du dialogue
Quelques mots de l'ange, glissés sur son regard d'azur et d'un geste économe, voilà sa distance
voilà la justesse de cordes et de vents qui semblent demander grâce et dont il est le gardien
quand, bien que toute de pétales, son empreinte demeure, et que personne ne songe à dire un ange passe
puisque toute gêne est à distance, le dialogue est d'or, et Dieu lui-même acquiesce à cette paix
Puis bientôt comme par vengeance, attribut éternel du fils d'Adam, le fardeau de la douleur s'abat sur l'ange
et l'on parle de chute, évoquant à la fois le fleuve qui se rompt et la fin ironique d'une histoire
gestation
accouchement
tétée
et pourtant
petit d'homme
Partant au matin je jalouse ces fenêtres qui resteront allumées recelant peut-être quelque vie intérieure, d'homme d'intérieur nourri de l'intensité de l'ampoule, vibrante de n'être pas happée par ce dehors laborieux peinant à trancher le brouillard. Demeurant, j'habiterais comme m'habiterait la foudre intime d'un filament, à capter pour la tordre à l'équerre de ma poésie.
En homme d'intérieur.
peu
sur la terre
puis dans la terre
de moins en moins
énigme possible
pour un sphinx
Et la douleur, où
est-elle maintenant ?
La semence qu'ont
reçue de tes yeux de
tes mots les saisons ?
Les lieux et corps où tu
vécus et soutins,
à pétrir d'invisible
ta statue de souffle.
Ô cariatide d'air :
Un homme.
...
Claude ADELEN, Légendaire, Flammarion, 2009.
Je suis persuadé que, la première fois où l'Homme a chanté, il s'est d'abord découvert à lui-même. Il s'est aperçu que son salut ne dépendait pas uniquement de la chasse et de la procréation.
Il lui a fallu percer le secret des éléments, chercher en lui des vocations pour accéder à son propre mystère. Il s'est mis à peindre pour se forger un talent, à écrire pour se souvenir, et il a appris à chanter pour mieux s'entendre vivre.
Yasmina KHADRA, Ce que le mirage doit à l'oasis, Flammarion 2017.