Malgré les limites du cadre, un ange se tient dans toute la distance de sa verticalité transparente
son sourire invisible et silencieux, mais s'ouvre un dialogue voué à l'infini, des souvenirs comme des horizons
les voix sont égales de grâce et l'ange, sans plus de soupçon de vanité, se hisse à hauteur d'homme
et pour cela renonce à ses ailes qui vicieraient la réalité du monde, fausseraient la distance entre les âmes
Un effleurement perpétuel serait la douleur de l'ange, comme une voix étrangère qui parlerait par sa voix
en délivrant du haut vers le bas un message définitif sans les irisations incertaines du dialogue
Quelques mots de l'ange, glissés sur son regard d'azur et d'un geste économe, voilà sa distance
voilà la justesse de cordes et de vents qui semblent demander grâce et dont il est le gardien
quand, bien que toute de pétales, son empreinte demeure, et que personne ne songe à dire un ange passe
puisque toute gêne est à distance, le dialogue est d'or, et Dieu lui-même acquiesce à cette paix
Puis bientôt comme par vengeance, attribut éternel du fils d'Adam, le fardeau de la douleur s'abat sur l'ange
et l'on parle de chute, évoquant à la fois le fleuve qui se rompt et la fin ironique d'une histoire