expliquer avec des mots de ce monde
qu'un bâteau est parti de moi en m'emportant
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Claude Couffon, 2005
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expliquer avec des mots de ce monde
qu'un bâteau est parti de moi en m'emportant
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Claude Couffon, 2005
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Tant de naufrages m'ont dépouillé des prodiges dont j'avais été le témoin ; à quoi bon me désoler, pouvais-je emporter dans la carène de mon bateau toutes les inventions et les habiletés du monde ?
Le remplir de millions d'éclats brefs d'hommes et de femmes, de mœurs, de religions, de temples, de monuments, de traditions, d'habitudes vestimentaires, de mobilier ou d'œuvres d'art,
Entasser les céramiques, les bijoux, les verres finement colorés, les statues, les cratères, les souvenirs et les réflexions subtiles n'eut rien changé.
Trop dérisoires encore et si périssable cargaison pour exprimer l'émotion, l'intelligence, la foule des contradicteurs de la mort qui, sans espoir, osent défier les immortels et remodeler la nature ;
Et comme elle ajouter à l'utile le miracle de l'inutile et de l'irrationnel ?
Yves MAZAGRE, L'agave s'impatiente, Librairie-Galerie Racine, 2001.
Du bateau, par temps de brume (surtout si l’on peine à trouver babord)
on éprouve le besoin de vocaliser : ohé ! hé oh !
Ainsi par le mal on tente de remédier au mal
la nuée étant elle-même presque toute de voyelles
Un traitement allopathique serait à expérimenter plutôt que l’homéo-
une vocifération de gutturales, dentales et sifflantes
qui saperait cette muraille opaque d’eau, en en dispersant la vapeur
Il construisit quatre maisons
pour pouvoir vivre.
En perdit trois
avant d'être vieux.
Il se demande maintenant
en balançant son fauteuil
s'il n'aurait pas dû construire
un bateau
rouli-roula
assis comme ça
Lorine NIEDECKER, Louange du lieu et autres poèmes, Corti, 1949-70.
(Port-Musée de Douarnenez)
le poème se voudrait silex
à trépaner l'opacité de l'être
il résonne en moi
qui me tiens à l'avant du bâteau
l'écho de son tintement transperce
lui et moi veillons
dans le doute
et nous répondant l'un à l'autre
cela suffit-il à faire le bâteau plus sûr
et le sable moins sable ?
toujours les flots roulent la mémoire morte
ce qui fut
et ce qui doit finir
Jean-Christophe BELLEVEAUX, Caillou, Gros textes, 2003.
Le nom de Joël SADELER se rappelle à nous, puisque le 24 octobre à Ballon (Sarthe), le prix qui porte son nom sera décerné.
L'occasion de le citer :
Cancale
Huîtres creuses
Port à plat
La mer dégonflée
Comme un ballon crevé
et la vie
sur une patte
la quille
On lit à la poupe de cette embarcation portugaise : "les vieux sont fatigués"...
Ainsi nos pas se sont portés longtemps à l'avant des navires
plus pour le combat des vagues la déchirure des eaux
que pour l'aventureuse saison des îles
- nos pas imaginaires
...
Guy GOFETTE, extrait de Éloge pour une cuisine de province.