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monde

  • L'ÉPOQUE de Jorge Enrique ADOUM

    vert,feuillage,tourbillon,

     

    ...

    je vis dans un monde de vieilles à chapeau défilant dans leur automobile,

    tandis que d'autres jouent des coudes sous l'abribus pour éviter la pluie,

    je vis près d'un aveugle qui va avec son chien à la boucherie,

    je suis citoyen et contribuable, je suis usé

    et ça se voit à la fatigue avec laquelle, chaque jour, mes yeux entrent dans mes chaussures ;

    je vis à l'époque des pilules pour dormir et maigrir, pour se calmer et pour mourir à domicile,

    des plastiques et des cuirs, des cravates et des conserves,

    et des ordures du monde qui voyagent de vague en vague en vague errante,

    époque où l'on peut mourir du cœur sans avoir aimé

    et où plus personne ne meurt d'amour dans les livres,

    époque de maris policiers, ponctuels comme des créanciers.

    ...

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F.M.Durazzo, Myriam Solal, 2008

     

     

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  • André VELTER et le NÉANT

    bois,ciel,

     

    ...

    Sur la peau de chagrin du monde

    tout court à sa perte et souvent en douceur,

    comme si le néant était un champ de fleurs,

    une errance chuchotée par une nuit déserte.

    ...

     

    André VELTER, Séduire l'univers, Gallimard, 2021

     

     

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  • ŒUVRE

    morceaux,carrés,

     

    œuvre

    à recevoir

    du monde

     

    pour lui rendre

    en morceaux

     

    minuscules

     

     

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  • Isabelle PINÇON et les STATUES

    sculpture,statue,bronze,

     

    À trop vouloir démonter les statues, on tombe sur des cœurs qui bougent à peine.

    On devrait suivre le bonheur de plus près et ne retenir du monde que ses grands titres.

     

    Isabelle PINÇON, C'est curieux, Cheyne, 1995

     

     

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  • Jacques ROUBAUD et le MONDE

    pierre,visage,

     

    que faire d'un monde qu'on ne dit pas

     

    dont nul n'a su ne sait rien dire, rien

     

    pas un détail, pas une occurrence particulière accrochée à une description

     

    un monde d'une généralité si extrême

     

    que l'unique, le sans répétition, y est abrogé

     

    dès l'instant que personne ne peut comprendre

     

    dont personne dans sa bouche ne sait que faire

     

    contourner ce dire, l'expulser d'une syllabe

     

    le cracher avec dégoût

     

    un monde d'une imprécision abominable

     

    avec lequel je dois vivre

     

    à qui je dois, incessant, le regard ?

     

    Jacques ROUBAUD, La pluralité des mondes de Lewis, Gallimard, 1981

     

     

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  • IMMONDE

    panneau,sortie de chevaux,

     

    immonde

    ce qui n'est plus monde

     

    et pire

    sa propre mort

     

    de l'intérieur

    tous sens interdits

     

     

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  • ACTUALITÉ ISLANDAISE (1/2) : Ingibjörg HARALDSDÓTTIR

    fenêtre,

     

    Si seulement tu savais !

     

    tout a changé - certains

    pensent que le monde s’est écroulé

    d’autres que s’est levé

    le soleil du bonheur suprême

     

    que sais-je ?
 seulement ceci : que le temps

    a passé et que tu as hanté

    mon esprit

     

    m’est encore et toujours caché

    ton savoir

    l’art de la veine ouverte

     

    Ingibjörg HARALDSDÓTTIR, Traduction Catherine Eyjolfison, Action Poétique n° 174 décembre 2003.

     

    À l'heure où est diffusé ce poème, personne ne sait si le monde s'est écroulé ou si s'est levé le soleil du bonheur suprême...

     

     

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  • EN COLÈRE CONTRE Yehuda AMICHAÏ

    céramique,éclats,casse,

     

    ...

    Dieu est en colère contre moi

    car je l'oblige toujours

    à recréer le monde

    du chaos, la lumière et le deuxième jour jusqu'à

    l'homme, et puis retour au commencement.

     

    Yehuda AMICHAÏ, Poèmes de Jerusalem, trad. Michel Eckard-Elial, Editions de l'éclat, 1991.

     

     

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