Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jorge enrique adoum

  • L'ÉPOQUE de Jorge Enrique ADOUM

    vert,feuillage,tourbillon,

     

    ...

    je vis dans un monde de vieilles à chapeau défilant dans leur automobile,

    tandis que d'autres jouent des coudes sous l'abribus pour éviter la pluie,

    je vis près d'un aveugle qui va avec son chien à la boucherie,

    je suis citoyen et contribuable, je suis usé

    et ça se voit à la fatigue avec laquelle, chaque jour, mes yeux entrent dans mes chaussures ;

    je vis à l'époque des pilules pour dormir et maigrir, pour se calmer et pour mourir à domicile,

    des plastiques et des cuirs, des cravates et des conserves,

    et des ordures du monde qui voyagent de vague en vague en vague errante,

    époque où l'on peut mourir du cœur sans avoir aimé

    et où plus personne ne meurt d'amour dans les livres,

    époque de maris policiers, ponctuels comme des créanciers.

    ...

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F.M.Durazzo, Myriam Solal, 2008

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • Le LANGAGE selon Jorge Enrique ADOUM

    chimères,arbre,projection,

     

    ...

    il était encore très tôt,

    le langage ne s'était pas encore dégradé

    dans l'érosion de la promesse théâtrale, maladroite et trompeuse,

    et l'amour vertigineux ne se prolongeait pas dans le mensonge stupide

    comme le son dans le silence

    ...

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F.M.Durazzo, Myriam Solal, 2008

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 0 vent(s) de la plaine Lien permanent
  • La VIEILLESSE selon Jorge Enrique ADOUM

    neige,tamaris,hiver,branches,

     

    (Voici la vieillesse amèrement lucide, tristement insensible

    au mouvement des croupes qui, dans le déhanchement de l'été,

    pouvaient autrefois t'éblouir jusqu'à la damnation.

     

    Voici la vieillesse qui traîne sa vie de jour en jour,

    comme si le corps était le même qu'avant-hier

    et elle regarde sans compassion ni haine ses bielles aujourd'hui usées,

    la chair emprisonnée dans les geôles du rêve et d'une chemise.

     

    Pourquoi vouloir vivre seulement pour se survivre,

    s'il n'y a pas moyen d'obstruer les fissures de sa propre statue

    détruite lors du transfert du paradis où, nue, doublée,

    elle était fière de se soumettre aux codes charnels.

     

    Mais la proximité de la faille ultime et accueillante,

    cette conscience de précadavre, ce qui revient au même,

    nous fait envier, pour n'être pas ressuscité à temps,

    l'amour attaché à la mort,

    l'un décorant l'autre,

    tous deux se méritant.)

     

    Jorge Enrique ADOUM, L'amour désenfoui, trad. F-M Durazzo, Myriam Solal Editeur, 2008

     

     

    ▶︎ Vent du jour : Poésie ▶︎ 1 vent(s) de la plaine Lien permanent