Ne jamais payer
un poème
comme on ne doit jamais
payer l'amour
Les yeux
sont des monnaies
que l'on donne aux autres
quand on ne veut pas
se vendre
Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018
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Ne jamais payer
un poème
comme on ne doit jamais
payer l'amour
Les yeux
sont des monnaies
que l'on donne aux autres
quand on ne veut pas
se vendre
Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018
...
Poème, je ne vous demande pas l'aumône,
Je vous la fais.
Poème, je ne vous demande pas l'heure qu'il est,
Je vous la donne.
Poème, je ne vous demande pas si vous allez bien,
Cela se devine.
Poème, poème, je vous demande un peu...
Je vous demande un peu d'or pour être heureux avec celle que j'aime.
Robert DESNOS, Les sans cou, 1934
il y a le rêve d'un poème pulsation
qui réponde à cet appétit
de répétitif & à la fois
au doux déploiement
dans le bleu / le velours
venant de ces années / nappe
hypnotique / tapement /
& nous pliés en elle
sommes pris
dans son pli
introspectif
Yann MIRALLES, Hui, Éditions Unes, 2020
Je ne sais pas, si un poème s'est fait, pas
seulement un fil qui court et qu'on suit, mais aussi
un bloc qui se construit et qui s'édifie, avec ses
creux, ses pleins, et son dehors et son dedans. - Ses hauts ;
son bas. Sa matière rêche et lisse, et sa densité différente
ici ou là, et tout ça. Bref. Je ne sais pas
si un poème s'est fait, je ne sais pas non
plus ce qui nous arrive, fieux, s'il nous arrive jamais
autre chose que de n'arriver jamais. Je ne sais rien.
Ivar CH'VAVAR, Hôlderlin au mirador, Le corridor bleu, 2020
Boîte-de-pandore-un poème soulever
le couvercle. regarder là-dedans ? encore une
de tes métaphores. et que tu aies pu croire
Si longtemps avec ça ouvrir toutes portes
t'imaginer être celui
qui avait la bonne clef chaque mot
La bonne clef chaque livre
trousseau cliquetant
inutile. avec l'âge on revient
Dans une ville étrangère
toutes les serrures ont été changées.
Claude ADELEN, Obligé d'être ici, Obsidiane, 2012
C'est l'ennui avec un poème que c'est pas moyen d'être précis dedans
qu'on le sait déjà quand on commence à l'écrire d'ailleurs
est-ce qu'on l'est plus quand on entreprend de construire un manuel de grammaire ?
on pense évidemment qu'on va l'être ça donne du courage au cœur comme on dit
...
James SACRÉ, Figures qui bougent un peu, Gallimard, 1978
On peut imaginer autrement que le poème se travaille comme une peinture. Les motifs de couleur tu les remplaces par des motifs de sonorité, de grammaire, d'image, ou même de sens. Ni plus ni moins précis que les formes et matières du peintre. Tu garnis la page comme on couvre la toile. Oui tu peux aussi commencer à un endroit, et mettre à un autre un bout d'écriture avant de remplir le reste.
James SACRÉ, La peinture du poème s'en va, Tarabuste, 1998
...
Car l'eau est la sœur grise du poème
qui chante la paix des profondeurs de la terre.
Et si tu n'étouffes pas la chanson de ton poing
tu ne feras pas taire l'eau dans les entrailles de la terre.
Et si tu n'étouffes pas l'eau de ton poing,
tu ne feras pas taire le chant dans la poitrine de l'homme.
Milan RUFUS, L'inquiétude du cœur, La Différence, 2002