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faute de fer
prisonnier en promenade
au pied des grilles
quand le poème marche
sur l’infini des steppes
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mots-croisés
faute de fer
prisonnier en promenade
au pied des grilles
quand le poème marche
sur l’infini des steppes
vertical
le poème
haussé du col
un seul soleil
combien de tournesols ?
Le sens du poème n'est pas dans ce qu'il contient, mais dans le mouvement qui le porte à dire ce qu'il contient et prend la forme de ce qu'il contient.
Roger MUNIER, La chose et le nom, Fata Morgana, 2001.
LA MER INTÉRIEURE
En chacun de nous il y a une mer
Parfois on l'entend, parfois pas
On peut la traverser, on peut s'y noyer
On peut y lancer un message dans une bouteille
Le poème est ce message qu'un autre nous-même trouvera un jour
De l'autre côté de celui qu'on est
Si un poème nous fait du bien c'est parce qu'on sait qu'il ira loin
Qu'il sera ballotté
Qu'il luttera contre des vents de travers
Mais que pour finir il vaincra
Parvenant sans encombre à son destinataire
Qui n'est autre que l'autre nous-même
Cet autre absolu
Ce même absolu
Il y a les femmes et leur corps mystérieux
Il y a la cigarette qui est souffle, feu et poudre grise
Qui est le trait d'union entre la bouche et le monde
Et nous savons que la bouche est l'embouchure de l'âme
Il y a les alcools forts au goût de baies ou de caramel
Comme ils vous écorchent et vous fendent !
Mais il y a avant tout le poème, plus mystérieux, plus incandescent, plus âpre encore
Le poème qui est notre faim, notre soif, notre nécessité et notre désir
Nous voulons nous fondre dans le corps et l'esprit de notre poème
Nous voulons inhaler et réduire en poussière brûlante notre poème
Nous voulons nous enivrer brutalement de notre poème
La mer tempêtueuse qui nous déchire
La mer docile qui nous miroite
La mer translucide où nous voyons d'insoupçonnables trésors
La mer noire comme un cauchemar qui ne finit pas
Le poème y suit son voyage
Il surnage
A-t'on jamais vu un poème faire naufrage ?
Emmanuel MOSES, Sombre comme le temps, Gallimard 2014.
Rien ne ressemble plus à ma vie que le poème
Il connaît l'impossibilité d'être seul.
En lui d'un mot à l'autre grandit l'imprévisible
Mais aussi le chaos où les monstres sont tapis.
...
Mon poème prend le risque de lier le masque à l'aveu,
Mots et caillous dans la bouche,
Le prononcé des ombres et des viandes.
Ce n'est pas un miroir pour jeune fille,
Ni un alcool pour un soir de fête
Mais une prose qui ne connaît ni la pause ni la victoire.
Lionel RAY, revue Europe n° 1000, août-septembre 2012.
Le poème est l'écorce du monde sensible, réinventé... De page en page, il nous nourrit, poètes et lecteurs, d'images, de sensations, de visions réalisées à l'instant qu'elles s'énoncent. Il faut donc accepter que le sens surgisse, neuf, - ou patiente -, au gré d'assemblages syllabiques qui pourraient sembler téméraires ou énigmatiques à première et courte vue. Il faut offrir aux pages de ce petit livre notre instant de lecture volé au chaos, en plongeant, à l'instar du poète, au fond du puits météorique, d'où toutes choses renaissent transformées en chances.
Emmanuel BERLAND, 4ème de couverture de son recueil Écorce visionnaire, Donner à Voir, 2009.
LE POÈME
Le poème tournoie sur la tête de l'homme
en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer
mais le poème disparaît
Avec ce qu'il a pu retenir
l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe
appartient aux hommes à venir.
Homero ARIDJIS, Brûler les vaisseaux, 1975 (trad.Claude Couffon et René Gouédic)