L'éternité, comme l'infini, est coupé de la sève ; n'est qu'oubli dans l'oubli, bleu ciel dans le ciel bleu.
Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.
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L'éternité, comme l'infini, est coupé de la sève ; n'est qu'oubli dans l'oubli, bleu ciel dans le ciel bleu.
Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.
Ivre d'éternité, l'homme abusé dont chaque os est un barreau n'aura conçu, pour lui, que le temps, cette autre prison.
Edmond JABÈS, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.
- Tu es, dans tes écrits, comme moi, un rassembleur de mots, identiques par le sens, le son et le nombre des lettres, à ceux de la langue. Tu crois les habiter, alors que tu n'es que l'hôte accidentel de leurs reflets.
Tout feuillet est miroir de papier. Penché sur lui, tu t'y mires. L'eau pareillement nous renvoie notre image ; mais quel visage jamais sut retenir la rivière ?
Edmond Jabès, Le livre des ressemblances, Gallimard, 1976.
DEVINETTES SUR PARIS
Quelle ville ressemble au vin ?
Paris.
Tu bois le premier verre.
il est âpre.
Au second,
il te monte à la tête.
Au troisième,
impossible de quitter la table :
Garçon, encore une bouteille !
...
Paris, 15 mai 1958
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.
L'homme fatigué
Par les champs, quelque grave paysan
taciturne s'en retourne chez lui.
Étendus côte à côte, le fleuve et moi,
Sous mon cœur s'endort l'herbe tendre.
Le fleuve roule son flot large et calme,
mon fardeau de soucis se change en rosée ;
ni homme, ni enfant, ni Hongrois, ni frère,
là est seulement couché un homme fatigué.
Le soir dispense l'apaisement,
c'est un pain chaud dont je suis un morceau,
le ciel aussi se repose sur le calme Maros
et sur mon front viennent s'asseoir les étoiles.
Août 1923
Attila JÓZSEF, Le mendiant de la beauté, Le temps des cerises, 2014.
Fini, dira un jour notre mère Nature,
fini de rire et de pleurer, mon enfant
et recommencera à nouveau la vie sans bornes
qui ne voit pas, qui ne parle pas, qui ne pense pas.
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.
Ce jardin, cette terre humide, ce parfum de jasmin, cette nuit de clair de lune
continueront à étinceler lorsque j'aurai pris le large,
car ils existent, liés à moi, avec moi et sans moi,
en moi n'est apparue que la réplique de l'original.
Nâzim HIKMET, Il neige dans la nuit et autres poèmes, Poésie-Gallimard 1999.
HOLLYWOOD
Le nom est inscrit sur la colline, en majuscules de 10 mètres
de sorte qu'on sait que c'est là.
On peut garer sa voiture dans les terrains vagues
mais pas plus de 2 heures,
parce qu'ensuite on va construire une maison.
Quant à acheter la maison, il ne faut pas y compter encore,
elle ne sera pas finie avant le lendemain soir,
à moins que ce soit un bungalow déjà habité
qu'on apportera sur un camion, avec ses arbres, et le jardin.
...
Paul MORAND, USA, 1927.