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Poésie - Page 60

  • Hubert HADDAD et l'INSTANT

    girouette,cheval,

     

    ...

    un seul instant gouverne

    l'infini pliage des mondes

    où naître et mourir s'enlacent

    ô mélodie

     

    Hubert HADDAD, Une rumeur d'immortalité, Dumerchez, 2000.

     

     

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  • Benjamin PERET : VŒUX d'un POÈTE

    musiciens,

     

    C'est à lui de prononcer les paroles toujours sacrilèges et les blasphèmes permanents. Le poète doit d'abord prendre conscience de sa nature et de sa place dans le monde. Inventeur pour qui la découverte n'est que le moyen d'atteindre une nouvelle découverte. Il doit combattre sans relâche les dieux paralysants acharnés à maintenir l'homme dans sa servitude à l'égard des puissances sociales et de la divinité qui se complètent mutuellement.

     

    Benjamin PERET, émission Les armes parlantes, 1952.

     

     

     

    On souhaitera donc pour 2016
    sacrilèges, conscience,
    inventivité, découvertes
    et combativité.

     

     

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  • Aharon SHABTAÏ et les ÉLECTIONS

    aharon shabtaï,élections,pipi,caca

     

     

    Élections : Israël 2001 

     

    Je suis pour Pipi
    Vive Pipi ! 
    La mission de Pipi est civilisée,
    cultivée, salutaire.
    Pipi s’assure
    que le sang coule gentiment - 
    proprement, et pour de bonnes raisons. 
    Donc, grâce à Pipi 
    les mots dégagent un parfum agréable. 
    Ce n’est pas un hasard
    si les écrivains et professeurs renommés 
    expriment leur soutien à Pipi. 

    Je suis pour Caca. 
    Caca ressemble 
    à la terre qui engloutit 
    les jolis mots
    collés au front
    de chaque cible d’attentat 
    Caca fait 
    ce que Pipi fait
    mais - avec plus de fermeté -
    sans se cacher
    derrière les professeurs.
    La réalité des faits pue
    mais elle est belle dans son état solide 
    par conséquent je suis pour Caca 
    vive Caca 

    Aharon Shabtaï, Action Poétique n° 183, Trad. H.Deluy, L.Giraudon et l’auteur.

     

     

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  • Hubert HADDAD au JARDIN

    Photo978.jpg

     

    le jardin nocturne étincelle

    je sens sur moi l'empreinte des fleurs

    chaque arbre me confie son apparence

    l'âme se dissipe en chants d'oiseau

    et le temps simplifié engendre

    un simulacre

     

    Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.

     

     

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  • Hubert HADDAD et la RIVIÈRE

    rivière,

     

    rumeurs de tête, une rivière me traverse

    c'est la vie qui m'échappe

    l'épanchement rêvé du temps

     

    les yeux clos, j'entends la voix des pêcheurs

    le son des cloches, tout en pampre musical

    quelle fraîcheur à travers moi

     

    Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.

     

     

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  • Louis ARAGON : à d'AUTRES le PRINTEMPS

     

     

    Maintenant que la jeunesse

    S'éteint au carreau bleui

    Maintenant que la jeunesse

    Machinale m'a trahi

    Maintenant que la jeunesse

    Tu t'en souviens souviens-t-en

    Maintenant que la jeunesse

    Chante à d'autres le printemps

    Maintenant que la jeunesse

    Détourne ses yeux lilas

    Maintenant que la jeunesse

    N'est plus ici n'est plus là

    Maintenant que la jeunesse

    Sur d'autres chemins légers

    Maintenant que la jeunesse

    Suit un nuage étranger

    Maintenant que la jeunesse

    A fui voleur généreux

    Me laissant mon droit d'aînesse

    Et l'argent de mes cheveux

    Il fait beau à n'y pas croire

    Il fait beau comme jamais

    Quel temps quel temps sans mémoire

    On ne sait plus comment voir

    Ni se lever ni s'asseoir

    Il fait beau comme jamais

    C'est un temps contre nature

    Comme le ciel des peintures

    Comme l'oubli des tortures

    Il fait beau comme jamais

    Frais comme l'eau sous la rame

    Un temps fort comme une femme

    Un temps à damner son âme

    Il fait beau comme jamais

    Un temps à rire et courir

    Un temps à ne pas mourir

    Un temps à craindre le pire

    Il fait beau comme jamais

     

    Louis ARAGON

     

     

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  • Gerrit KOUWENAAR TROP HOMME

    cage,

     

     

    LE LANGAGE

    Le langage appartient aux oiseaux
    Je suis trop homme pour voler
    Je reste là comme une maison sur le monde
    Et bâtie de terre épaisse

    Je suis à peu près celui
    Qu’abrite l’intérieur des murs
    Et qui coule derrière les fenêtres
    De la petite chambre bleue

    Elle sent l’amour et l’engrais
    Il y a une plante dans une cage
    Le langage appartient aux oiseaux
    L’homme s’abrite dans les mots.



    Gerrit KOUWENAAR, Action Poétique n° 91, mars 1983.

     

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  • Le TEMPS ROGNE Ossip MANDELSTAM

    arbres,

     

    Le froid chatouille mon crâne,

    Et comment l'avouerait-on -

    Moi aussi le temps me rogne,

    Comme il ronge ton talon.

     

    La vie se vainc elle-même,

    Et le son fond peu à peu ;

    Quelque chose manque à l'appel,

    Se souvenir est fastidieux.

     

    Pourtant c'était mieux naguère,

    Comparer n'est pas permis

    Comme le sang bruissait hier

    Et comme il bruit aujourd'hui.

     

    Sans doute n'est-ce pas sans risque

    Que ces lèvres-là remuent :

    L'arbre murmure et s'agite,

    Bien qu'il doive être abattu.

     

     

    1922

     

    Ossip MANDELSTAM, Le Deuxième Livre (1916-1925), Circé 2002, trad. Henri ABRIL.

     

     

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