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Poésie - Page 60

  • Christian DOTREMONT dans la GRANDE ARCHE

    plumes,poules,

     

    ...

    Deux par deux les oiseaux

    dans la grande arche de l'air

    dans un déluge de plumes

                avec quoi j'écris ces poèmes

    Deux par deux les poèmes

    dans le grand déluge du langage

    les rames de papier le "canot de l'amour"

                avec quoi j'écris ces poèmes

    Deux par deux image et poème

    comme les guillemets

    pour s'embrasser eux-mêmes

    dans la grande arche de la mer de Chine

                où je trempe les plumes

    Deux par deux le ton la chanson

    ...

     

    Christian DOTREMONT, Les jambages du cou, 1949 in Œuvres poétiques complètes, Mercure de France, 1998

     

     

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  • T. CARMI : la MER REVIVRA

    mer,mourir,revivre,

     

    HISTOIRE

     

    Quand la femme du village de pêcheurs m'a parlé

    De son mari qui avait disparu

    Et de la mer qui revient mourir devant sa porte soir après soir

    J'ai gardé silence.

    Je ne pouvais pas dire à la nacre de ses yeux

    Ton bien-aimé reviendra, ou

    La mer revivra.

     

    (Il y a des jours où je n'arrive même pas à te dire

    Un seul mot.)

     

    T. CARMI, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • Edmond JABÈS : LAISSEZ DONC

    morts,cimetière,

     

    ...

    Laissez donc laissez

    les morts décomposer

    nos phrases d'errants

    laissez-les s'acharner sur chaque lettre

    tailler nos maux

    trier nos joies

    frapper dans le tas

    Ils ont la clé

    Ils sont les maîtres

    avec leurs paroles et leurs gestes

    essentiels

    avec leur mot de passe

    pour l'éternité

    ...

     

    Edmond JABÈS, Marche à vif jusqu'à l'homme, NRF Poésie/Gallimard Télérama, 2015

     

     

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  • Yaïr HOURVITZ : JE ME CONTENTE d'un LAC

    pente,montagne,

     

    ...

    Le silence qui complète le texte dans le village du pêcheur, de l'homme des champs,

    Lieu où main mauvaise n'a pas porté d'ombre,

    M'a appelé. Je pense aux descendants

    Des animaux anciens qui se frayent une existence

    Entre les icebergs de la mer de Behring, et que

    Le courage me manque d'être parmi eux -

    La crainte du froid gagne en moi comme l'obscurité.

    Je me contente d'un lac, d'une pente, d'un nuage cassé

    Au sommet d'une montagne, pareil à une fumée s'échappant d'un cratère,

    De la voix intérieure qui a remué en moi une appartenance

    Et dont j'ignore le sens, en vérité.

     

    Yaïr HOURVITZ, Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • David AVIDAN : RENTRÉE LITTÉRAIRE

    loup,

     

    ...

    Et les livres paraissent dans des éditions privées

    (Même pas tapés à la machine à écrire électrique) en quatre cents cinq cents exemplaires

    Et sont diffusés parmi les copoètes uniquement (pas de service de presse)

    Et meurent - ou vivent - une mort ou une vie douce. "Merci pour vos poèmes,

    Je les ai lus avec un véritable émerveillement. Envoyez m'en de temps

    En temps." Le poète est un loup affectueux pour le poète. Tu me nourris,

    Je te nourris, nous nous dévorons l'un l'autre et le monde

    Nous digère tous.

    ...

     

     

    David AVIDAN, Rapport improvisé sur la situation de la jeune poésie à New-York in Prisme, 11 poètes israëliens contemporains, Obsidiane, 1990. (Trad. Emmanuel MOSES)

     

     

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  • L'ÊTRE PASSÉ de MARTINE BRODA

    vignes,été,

     

    l’être passé dans le mot été

    vide d’être

     

    ce vide est d’être là

    en ville ouvrant son coeur

    la vacance des squares

     

    en ville dépliant une fois

    la dernière soie blessée

    sous les couteaux vibrants de la lumière

    l’encore intensité juste avant qu’elle casse

    la corde tendue d’un désir funambule

     

    vérité de l’été à peine plus sévère

    quand le temps s’adoucit

    dans la mousse des larmes

    le jour tiède oubliant

    l’amour qui fut ici

    comme un soleil splendide

    et seul

     

    l’être passé dans le mot menait l’été

    vers l’hiver

     

     

    Martine BRODA, Action Poétique n° 69, avril 1977.

     

     

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  • Gérard MESNIL aux ÉPAULES des VAGUES

     

    mer,

     

    Rivage

    Poser ma halte à        

    ce coquillage

    à

    cette voix

    éteinte

    aux orteils

    de la mer

    (et ma soif enfouie sous le sable peau d’une femme noire)

    Je crie

    de toute la violence

    de midi

    J’opère le silence

    (jeter les dés)

    à la bouche

    des hommes

    J’ai placardé mes révoltes

    aux épaules des vagues

     

    Gérard MESNIL, Action Poétique n° 69, avril 1977.

     

     

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  • Une CARTE POSTALE de J.Francis REILLE

    mer,feuillage,

     

    CARTE POSTALE
     
    Une trirème quelque part.
    Pourtant sans rameurs.
    Et la lune de jour.
     
    Voici que le plongeur écarte le feuillage
    Mer étale. Horizons
    Mer mains ouvertes
    Salut soleil !
     
    Et toi, où en es-tu ?
     
    J.Francis REILLE, Action Poétique n° 64, décembre 1975.
     
     

     

     

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