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Poésie - Page 60

  • Eugénio de ANDRADE en SEPTEMBRE

    automne,septembre,

     

    C'était septembre

    ou bien tout autre mois

    propice à de petites cruautés :

    l'ombre resserre ses anneaux.

    Que veux-tu encore ?

    Le souffle des dunes sur la bouche ?

    La lumière presqu'à nu ?

    Faire du corps entier

    un lieu en marge de l'hiver ?

     

    Eugénio de ANDRADE, Le poids de l'ombre, La différence, 1986.

     

     

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  • CE QUI MANQUE à Eugénio de ANDRADE

    parvis,soleil,

     

     

    Le jour net comme un parvis désert,

    l'horloge arrêtée,

    les marches par où le soleil

    monte au regard -

    ce qui manque : quelque part le chant d'un oiseau.

     

    Eugénio de ANDRADE, Le poids de l'ombre, La différence, 1986.

     

     

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  • VOIX de RÛMÎ

    fleur,plastic,

     

    Élève tes mots, pas ta voix.

    C'est la pluie qui fait grandir les fleurs, pas le tonnerre.

     

    Djalâl-od-Din Rûmî, Mathnawî - la Quête de l’Absolu, Trad. Eva de Vitray-Meyerovitch, Le Rocher, 2014.

     

     

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  • Nuno JÚDICE et les CHATS

    chat,fenêtre,chaussures,

     

    Zoologie : les chats

     

    À Madrid, les chats

    se cachent dans les murs ;

    et le lierre recouvre

    leur dos

    comme si c'étaient des rois !

     

    Nuno JÚDICE, Un chant dans l'épaisseur du temps, Trad. Michel Chandeigne, Gallimard 1996.

     

     

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  • Nuno JÚDICE DEVANT la CAGE

    merle,

     

    ...

    Ils ne chantent pas. Ne volent pas. Ne parlent pas.

    Ce sont des oiseaux aveugles

    avec le mutisme des oracles et muets

    avec la lucidité des prophètes.

    ...

     

    Nuno JÚDICE, Un chant dans l'épaisseur du temps, Trad. Michel Chandeigne, Gallimard 1996.

     

     

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  • Jacques JOUET : IMPÉRIALISME de l’ÉCONOMIQUE

    porte,coeur,

     

    La poésie aime à dire qu’elle résiste à l’impérialisme de l’économique, puisque

    nul n’ose plus dire qu’il résiste à l’économie de l’impérialisme,

    mais si ce vœu de pauvreté, qui fait doucement marrer l’économat,

    la cantonne dans le commerce éthéré franciscain avec les piafs ou les « lumpen-volatiles » que sont les pigeons de ville selon Italo Calvino

    ou d’ailleurs avec les seuls aigles des altitudes philosophiques, je défroque tout

    de suite, d’ailleurs, c’est fait.

    ...

     

    Jacques JOUET, Action Poétique n° 147, été 1997.

     

     

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  • Jacques JOUET : OHÉ LA POÉSIE

    bouche bée,poisson,

     

    Au coeur des mots poésie, poète et poème, comme au coeur aussi d’ailleurs du mot

    théâtre,

    il y a un hiatus « ohé ! » ou « ohè » où la bouche bée son vide en crachant

    du plein.

    Donc le mot ressemble assez à ce que je cherche à lui faire dire,

    encore que le vomissement des deux voyelles enchaînées poaaaîîîme

    puisse n’échapper pas à quelque ridicule, comme Antoine Vitez affectionnait de

    dégueuler le théââââtre

    en s’en gargarisant avec exagération.

    ...

     

    Jacques JOUET, Action Poétique n° 147, été 1997.

     

     

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  • TO KAZUKO : QUE BRISURE ET DÉBRIS

     brisure,débris

     

    Des mots pour nous

     

    Même avec nos jours tachés d’un peu de soleil

    nos gestes ressemblent encore

    à ceux des réfugiés.

    Les yeux affamés

    la bouche desséchée

    ça nous va toujours bien.

     

    Au loin

    dans le ciel

    toutes ces illusions d’arsenaux s’écroulent

    mais celles de la ville future

    s’écroulent aussi

    et il apparaît une silhouette

    sur du papier brûlé.

     

    Nous ne sommes pas encore habitués

    à saluer des morts

    nous ne savons pas encore apprécier

    la terreur

    nous ne savons pas mesurer

    combien d’espace nos mots soutiennent.

     

    Notre mémoire se lie à des objets brisés

    et nos mots ne recueillent que brisure et débris.

     

    TO Kazuko, Action poétique n° 25, octobre 1964.

     

     

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