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un seul instant gouverne
l'infini pliage des mondes
où naître et mourir s'enlacent
ô mélodie
Hubert HADDAD, Une rumeur d'immortalité, Dumerchez, 2000.
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un seul instant gouverne
l'infini pliage des mondes
où naître et mourir s'enlacent
ô mélodie
Hubert HADDAD, Une rumeur d'immortalité, Dumerchez, 2000.
C'est à lui de prononcer les paroles toujours sacrilèges et les blasphèmes permanents. Le poète doit d'abord prendre conscience de sa nature et de sa place dans le monde. Inventeur pour qui la découverte n'est que le moyen d'atteindre une nouvelle découverte. Il doit combattre sans relâche les dieux paralysants acharnés à maintenir l'homme dans sa servitude à l'égard des puissances sociales et de la divinité qui se complètent mutuellement.
Benjamin PERET, émission Les armes parlantes, 1952.
On souhaitera donc pour 2016
sacrilèges, conscience,
inventivité, découvertes
et combativité.
Élections : Israël 2001
Je suis pour Pipi
Vive Pipi !
La mission de Pipi est civilisée,
cultivée, salutaire.
Pipi s’assure
que le sang coule gentiment -
proprement, et pour de bonnes raisons.
Donc, grâce à Pipi
les mots dégagent un parfum agréable.
Ce n’est pas un hasard
si les écrivains et professeurs renommés
expriment leur soutien à Pipi.
Je suis pour Caca.
Caca ressemble
à la terre qui engloutit
les jolis mots
collés au front
de chaque cible d’attentat
Caca fait
ce que Pipi fait
mais - avec plus de fermeté -
sans se cacher
derrière les professeurs.
La réalité des faits pue
mais elle est belle dans son état solide
par conséquent je suis pour Caca
vive Caca
Aharon Shabtaï, Action Poétique n° 183, Trad. H.Deluy, L.Giraudon et l’auteur.
le jardin nocturne étincelle
je sens sur moi l'empreinte des fleurs
chaque arbre me confie son apparence
l'âme se dissipe en chants d'oiseau
et le temps simplifié engendre
un simulacre
Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.
rumeurs de tête, une rivière me traverse
c'est la vie qui m'échappe
l'épanchement rêvé du temps
les yeux clos, j'entends la voix des pêcheurs
le son des cloches, tout en pampre musical
quelle fraîcheur à travers moi
Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.
Maintenant que la jeunesse
S'éteint au carreau bleui
Maintenant que la jeunesse
Machinale m'a trahi
Maintenant que la jeunesse
Tu t'en souviens souviens-t-en
Maintenant que la jeunesse
Chante à d'autres le printemps
Maintenant que la jeunesse
Détourne ses yeux lilas
Maintenant que la jeunesse
N'est plus ici n'est plus là
Maintenant que la jeunesse
Sur d'autres chemins légers
Maintenant que la jeunesse
Suit un nuage étranger
Maintenant que la jeunesse
A fui voleur généreux
Me laissant mon droit d'aînesse
Et l'argent de mes cheveux
Il fait beau à n'y pas croire
Il fait beau comme jamais
Quel temps quel temps sans mémoire
On ne sait plus comment voir
Ni se lever ni s'asseoir
Il fait beau comme jamais
C'est un temps contre nature
Comme le ciel des peintures
Comme l'oubli des tortures
Il fait beau comme jamais
Frais comme l'eau sous la rame
Un temps fort comme une femme
Un temps à damner son âme
Il fait beau comme jamais
Un temps à rire et courir
Un temps à ne pas mourir
Un temps à craindre le pire
Il fait beau comme jamais
Louis ARAGON
LE LANGAGE
Le langage appartient aux oiseaux
Je suis trop homme pour voler
Je reste là comme une maison sur le monde
Et bâtie de terre épaisse
Je suis à peu près celui
Qu’abrite l’intérieur des murs
Et qui coule derrière les fenêtres
De la petite chambre bleue
Elle sent l’amour et l’engrais
Il y a une plante dans une cage
Le langage appartient aux oiseaux
L’homme s’abrite dans les mots.
Gerrit KOUWENAAR, Action Poétique n° 91, mars 1983.
Le froid chatouille mon crâne,
Et comment l'avouerait-on -
Moi aussi le temps me rogne,
Comme il ronge ton talon.
La vie se vainc elle-même,
Et le son fond peu à peu ;
Quelque chose manque à l'appel,
Se souvenir est fastidieux.
Pourtant c'était mieux naguère,
Comparer n'est pas permis
Comme le sang bruissait hier
Et comme il bruit aujourd'hui.
Sans doute n'est-ce pas sans risque
Que ces lèvres-là remuent :
L'arbre murmure et s'agite,
Bien qu'il doive être abattu.
1922
Ossip MANDELSTAM, Le Deuxième Livre (1916-1925), Circé 2002, trad. Henri ABRIL.