Je voudrais que mon chagrin si vieux soit comme le gravier dans la rivière : tout au fond. Mes courants n'en auraient pas souci.
René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978
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Je voudrais que mon chagrin si vieux soit comme le gravier dans la rivière : tout au fond. Mes courants n'en auraient pas souci.
René CHAR, Le nu perdu, Gallimard, 1978
Enfance, rais d'oiseaux
Bouche de tournesol à l'affût du soleil
Lorsque, rivière
Chassant le feu de pierre en pierre
Tu captures
Les crieurs de conques
Jacques ARAMBURU, Brulant sombre, Cheyne, 2008
Plongé dans des nuées d'oubli et confondu sous un vacarme d'écume, il déploie la mémoire mécanique de gestes simples appuyés sur la seule poussée d'un souffle inné, sans théorème. De ses poissons, la rivière est plus musculeuse que le nageur, ivre seulement d'imiter la roue du moulin, le bois flotté gagnant l'aval.
On se fait chier, au long des rivières. Les soliloques. Celui du marcheur qui longe l'eau, celui de la rivière inscrite là pour bouger sans bouger, image de l'éternel et de l'irréversible, cliché du destin jusqu'à l'insupportable. Aucune raison d'espérer face à la rivière et au long d'elle, c'est tout le contraire. Et pourtant son frayage accompagne l'aveu, emporte la rage, ouvre sur le futur, incite à une espèce d'abandon : "Des petits enfants étouffent des malédictions le long des rivières" (C'est du cher Arthur).
Ludovic JANVIER, Des rivières plein la voix, L'arbalète Gallimard, 2004.
Ramuz écrit que la pensée remonte les fleuves. Qui les descend, c'est la rêverie.
Sans doute quelque part un gourmand de rivière et de langue aura-t-il déjà dit que rivière et rêverie (presque anagramme et mieux qu'anagramme) sont comme les deux faces opposées d'un bruit semblable et qu'on aurait accolées pour jouer avec. Mises en regard pour se laisser descendre au fil du rêve.
Ludovic JANVIER, Des rivières plein la voix, L'arbalète Gallimard, 2004.
rumeurs de tête, une rivière me traverse
c'est la vie qui m'échappe
l'épanchement rêvé du temps
les yeux clos, j'entends la voix des pêcheurs
le son des cloches, tout en pampre musical
quelle fraîcheur à travers moi
Hubert HADDAD, Oxyde de réduction, Dumerchez, 2007.
Ce matin, je l'ai traversée à gué. Mes pieds blancs dans l'eau comme ceux d'un enfant. Au-dessus, le reflet de mon âge filait avec la rivière.