Tout est sourire au ciel des anges
On y rêve d'incisives
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Tout est sourire au ciel des anges
On y rêve d'incisives
‘round midnight
Toutes les nuits, tu as de petites peurs
Souples et malléables comme des bras d’enfant
Autour de tes épaules nues
Tu crains qu’il soit l’heure
Des cambrioleurs roux
Tu crains que les volets ne se relèvent pas
Restent à jamais coincés
Que la rouille, le brouillard, de mauvaises pensées
Ou de mauvaises rencontres t’imposent leur loi
Tu crains que ce soit lui
Les bras mouillés de sang
Qui vient chercher son dû
Toutes les nuits, tu caches tes jouets
Sous l’oreiller des fées
Dans la botte du géant
Toutes les nuits, tu serres tes angoisses
Tu les tords, les étreins,
Tu les trais ; il en sort
Une transpiration qui te chasse du lit
à la rencontre de bruits, de craquements et de voix
Dont le jour se souvient,
Et des rêves aussi.
Karel LOGIST, Action Poétique n° 185, (Belges & Belges) septembre 20006.
27. Météore (rue du Pôle - 1210)
Un peu de neige est tombée rue du Pôle,
qui soudain joue à merveille son rôle.
On s’y croirait (s’il n’y avait cette geôle
d’armé béton pour lui donner son drôle
d’aspect. (Jamais nul matou n’y miaule ;
nul chien n’y chie. Rue sans vie, on n’y frôle
que des capots, des banquises de tôle.
(Le promeneur lui tourne les épaules,
préférant se risquer vers la ceinture
pentagonale de bruits et de voitures
jouxtant ces lieux ; (il y voit même un temple
au pseudoclassicisme attique et kitsch
que deux buildings prennent comme en sandwich
(du haut desquels vingt années nous contemplent)).))).
Rossano ROSI, Les Rues parallèles (extraits), Action Poétique n° 185 (Belges & Belges), septembre 20006.
Sommeil qui ne vient d’aucune vallée
et qui ne va vers nulle part
sommeil qui nous cloue
pour y suspendre ses images
Anise KOLTZ, Action poétique n° 138/139, Printemps 1995.
L'illustration est empruntée à Coco qui, elle, ne l'est pas du tout avec des pinceaux...
4, à ma porte
Les contours de l'île commencent à ma porte, quand j'aborde aux plages des heures lisses, jusqu'aux nuits sans menace et sous des étoiles dociles ; ou à rebours quand je déserte les flots domestiques, vers une tribulation sans aventure ni péril, seulement hors la salle des habituelles machines, dans l'animalité de bruits étrangers, et la végétation sombre des visages inconnus.
3, sirènes et pourceaux
Personne masculine mais troublée d'un e , île serait un double pour Ulysse - et son nom sera Personne -, qui émerge de volcaniques profondeurs, comme lui du songe des océans, bercé par des flux contraires d'espaces et de temps, conscience battue par des vents d'absence, dérivant alangui ou téméraire, de récif en écueil entre sirènes et pourceaux, jusqu'au bois tendre de son lit.
2, dans les limbes
Embrumées dans les limbes, deux branches pointent et mettent l'accent sur un palmier unique arborant sa solitude. Cernées de voyelles fluides, ce sont terres grises où arpenter sa peine lourde comme chaîne, l'exil où ruminer son ancien soi, guettant un signal de vapeur, ou le sable d'où extraire fiévreux tout l'or d'une vie rêvée.
1, simple tache
Pour les masses de l'intérieur, simple tache, couleur d'argile ou de paille, projetée sur fonds bleus, pour donner aux rêveurs bonne espérance, désir de Pâques ou de vierges, escales vers un Levant de fortune, tandis que quelques heureux ont fait de beaux voyages, accostant sur ces ailleurs de moins pâles marquises, sous le vent qui redouble le sel à leur visage.