Zoologie : les chats
À Madrid, les chats
se cachent dans les murs ;
et le lierre recouvre
leur dos
comme si c'étaient des rois !
Nuno JÚDICE, Un chant dans l'épaisseur du temps, Trad. Michel Chandeigne, Gallimard 1996.
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Zoologie : les chats
À Madrid, les chats
se cachent dans les murs ;
et le lierre recouvre
leur dos
comme si c'étaient des rois !
Nuno JÚDICE, Un chant dans l'épaisseur du temps, Trad. Michel Chandeigne, Gallimard 1996.
...
Ils ne chantent pas. Ne volent pas. Ne parlent pas.
Ce sont des oiseaux aveugles
avec le mutisme des oracles et muets
avec la lucidité des prophètes.
...
Nuno JÚDICE, Un chant dans l'épaisseur du temps, Trad. Michel Chandeigne, Gallimard 1996.
La poésie aime à dire qu’elle résiste à l’impérialisme de l’économique, puisque
nul n’ose plus dire qu’il résiste à l’économie de l’impérialisme,
mais si ce vœu de pauvreté, qui fait doucement marrer l’économat,
la cantonne dans le commerce éthéré franciscain avec les piafs ou les « lumpen-volatiles » que sont les pigeons de ville selon Italo Calvino
ou d’ailleurs avec les seuls aigles des altitudes philosophiques, je défroque tout
de suite, d’ailleurs, c’est fait.
...
Jacques JOUET, Action Poétique n° 147, été 1997.
Du bateau, par temps de brume (surtout si l’on peine à trouver babord)
on éprouve le besoin de vocaliser : ohé ! hé oh !
Ainsi par le mal on tente de remédier au mal
la nuée étant elle-même presque toute de voyelles
Un traitement allopathique serait à expérimenter plutôt que l’homéo-
une vocifération de gutturales, dentales et sifflantes
qui saperait cette muraille opaque d’eau, en en dispersant la vapeur
Au coeur des mots poésie, poète et poème, comme au coeur aussi d’ailleurs du mot
théâtre,
il y a un hiatus « ohé ! » ou « ohè » où la bouche bée son vide en crachant
du plein.
Donc le mot ressemble assez à ce que je cherche à lui faire dire,
encore que le vomissement des deux voyelles enchaînées poaaaîîîme
puisse n’échapper pas à quelque ridicule, comme Antoine Vitez affectionnait de
dégueuler le théââââtre
en s’en gargarisant avec exagération.
...
Jacques JOUET, Action Poétique n° 147, été 1997.
Le sens du poème n'est pas dans ce qu'il contient, mais dans le mouvement qui le porte à dire ce qu'il contient et prend la forme de ce qu'il contient.
Roger MUNIER, La chose et le nom, Fata Morgana, 2001.
Tout ce qui est achevé n'a pas son mérite d'être achevé, mais d'être promis à une belle ruine, comme achevé.
Roger MUNIER, La chose et le nom, Fata Morgana, 2001.
Des mots pour nous
Même avec nos jours tachés d’un peu de soleil
nos gestes ressemblent encore
à ceux des réfugiés.
Les yeux affamés
la bouche desséchée
ça nous va toujours bien.
Au loin
dans le ciel
toutes ces illusions d’arsenaux s’écroulent
mais celles de la ville future
s’écroulent aussi
et il apparaît une silhouette
sur du papier brûlé.
Nous ne sommes pas encore habitués
à saluer des morts
nous ne savons pas encore apprécier
la terreur
nous ne savons pas mesurer
combien d’espace nos mots soutiennent.
Notre mémoire se lie à des objets brisés
et nos mots ne recueillent que brisure et débris.
TO Kazuko, Action poétique n° 25, octobre 1964.