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Sur du vent - Page 181

  • COMME GRAVÉES

    carrés,

     

    Comme gravées sur la pierre au coin de la sagesse

    ils inventèrent des lettres, carrées comme posées aux jours de la Création

    pour croître et multiplier, errer, pour déchiffrer tout l'univers

     

     

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  • עץ : l'ARBRE-CONSEIL

    arbre,tronc,

     

    Qui donne le meilleur conseil ? celui aux jambes bien campées au sol ou celui aux cheveux inspirés par le vent ?

    ou le sage qui s'efforce de leur être parallèle (chênes, frênes, figuiers et bouleaux) ?

    Et le conseil, blessant de ses rugosités, est-il vraiment de cette chair, blanche et nourrie de sève ?

     

     

     

     

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  • Paul BLACKBURN : AUJOURD'HUI C'EST LA MÉDITERRANÉE ORIENTALE

    métro,

     

    RITUEL VII

    C’est quoi qui vient s’asseoir ici et anonyme
    dans le métro et
    rend notre œil inapte à
 tout autre usage pendant

    des heures ? Aujourd’hui c’est la Méditer-
    ranée orientale, elle
 s’assoit juste là, complexion
    mate, précise

    et légère courbe du nez, la

    bouche bouton de rose d’une princesse perse, mais dé-
    jà lèvres trop pleines
    en haut et
    en bas et peut-être la seule, la drôle, la grande
    putain de Port Saïd ou de Babylone qui professorale s’assoit
    ici maîtrisant le crayon à paupière, l’om-

    bre parfaite, une
    
autre ombre se promenant sous les pommettes quand elle se
    tourne pour voir le numéro ou le nom
    de la station, la courbe précise, des yeux perses
    
arabes, afghans, indiens, pakistanais, libanais
    noirs, noirs, égyptiens, mésopotamiens, bouche pâle, pâle

    Elle descend à Union

    Square et demande

    à une vieille et gaillarde Irlandaise
    la direction de la correspondance

    Un dernier regard 

    le métro démarre lentement, trop

    lentement, elle reste là,

    jambes écartées sous un manteau noir de fausse fourrure, elle
    reste juste là, sans fin, ne choisissant

    ni une direction ni l’autre, reste
    
là sur le quai d’Union Square
    
toute l’histoire de la Méditerranée orientale entre les cuisses
    réfléchissant

    Paul BLACKBURN, Acton Poétique n° 203, mars 2011.

     

     

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  • Lorand GASPAR : PAS LE BOUT

    roue,charrette,

     

    J'ai huit ans et il me semble que toute la population du pays, hommes, femmes, enfants, vieillards est sur les routes. Des enfants surtout, des enfants dont personne n'écoute les questions, qu'on bouscule et qui ont des grands yeux ahuris, vides de fatigue et de faim. Des femmes enceintes avec des nourrissons sur les bras, en marche ou assises, éreintées, hagardes. Des coups de fusils, des salves de mitraillettes, des explosions dans la nuit, sur les visages, la lumière inquiète d'un incendie. Ces routes n'ont pas l'air d'avoir de fin, d'aboutir quelque part. Ces colonnes de gens, de charrettes en désordre, je n'en vois pas le bout.

    Lorand GASPAR, Égée Judée, Poésie-Gallimard,1980.

     

     

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  • Lorand GASPAR : la FARCE des ÉTOILES

    ampoules,étoiles,

     

    Un jour, sans transition, son regard accroché par les étoiles encore pâles : "Tu me dis que ce sont des boules de feu très loin de nous, comme ça, lâchées dans le ciel. Tu te moques de qui ? Allah n'est pas un farceur, il a bien trouvé le moyen de les attacher quelque part."

     

    Lorand GASPAR, Égée Judée, Poésie-Gallimard,1980.

     

     

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  • Le CIEL

    ciel,bleu,nuages,

     

     

    Insaisissable

     

    La parure changeante

    à la manière d'un prince

    proche et lointain

    à la mesure d'un dieu

     

    Aux questions

    toujours les mêmes silences

     

    et pourtant les hommes

    toujours regardent le ciel

     

     

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  • QUESTIONS RÉPONSES

    abri,oiseaux,

     

    Certes on donne des réponses, mais ce sont des vœux pour les étoiles, des bouteilles pour les flots

    C'est de questions qu'il faudrait faire le don, comme de graines à la fenêtre, cailloux pour le chemin

     

     

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  • Lorand GASPAR : MUSIQUE DISCORDANTE

    bouche,statue,

     

    Voici, me dit-il, le mortel cerné de toutes parts,

    enserré dans les fils de sa langue, son trépas.

    Entends sa musique discordante, la bouillie sonore de sa bouche.

    Vois comme est insensé son dire, en désaccord flagrant avec le sens de son faire, le destin qui le porte.

    Aveugle sous la peau de lumière posée.

    Regarde la bête solitaire, foulant les jardins,

    alourdie de fatigue, exsangue, frappée en plein regard.

    Déracinée, Désertée, Brisée -

     

    Plaies et pleurs et grincements de dents.

    Lueur qu'éventra la lame sur l'eau grise.

    Parole sous la parole, en mèche de fouet.

    Tranquillement elle charrie l'irrévocable venin,

    Tranquillement elle dépèce l'incroyable, le clair, te livrant à ton obscurité -

    et qui t'entendra dans les hennissements du jour,

    du joyeux jour aux blancs poulains ?

     

    Lorand GASPAR, Égée Judée, Poésie-Gallimard,1980.

     

     

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