Des mots pour nous
Même avec nos jours tachés d’un peu de soleil
nos gestes ressemblent encore
à ceux des réfugiés.
Les yeux affamés
la bouche desséchée
ça nous va toujours bien.
Au loin
dans le ciel
toutes ces illusions d’arsenaux s’écroulent
mais celles de la ville future
s’écroulent aussi
et il apparaît une silhouette
sur du papier brûlé.
Nous ne sommes pas encore habitués
à saluer des morts
nous ne savons pas encore apprécier
la terreur
nous ne savons pas mesurer
combien d’espace nos mots soutiennent.
Notre mémoire se lie à des objets brisés
et nos mots ne recueillent que brisure et débris.
TO Kazuko, Action poétique n° 25, octobre 1964.