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métro

  • Paul BLACKBURN : AUJOURD'HUI C'EST LA MÉDITERRANÉE ORIENTALE

    métro,

     

    RITUEL VII

    C’est quoi qui vient s’asseoir ici et anonyme
    dans le métro et
    rend notre œil inapte à
 tout autre usage pendant

    des heures ? Aujourd’hui c’est la Méditer-
    ranée orientale, elle
 s’assoit juste là, complexion
    mate, précise

    et légère courbe du nez, la

    bouche bouton de rose d’une princesse perse, mais dé-
    jà lèvres trop pleines
    en haut et
    en bas et peut-être la seule, la drôle, la grande
    putain de Port Saïd ou de Babylone qui professorale s’assoit
    ici maîtrisant le crayon à paupière, l’om-

    bre parfaite, une
    
autre ombre se promenant sous les pommettes quand elle se
    tourne pour voir le numéro ou le nom
    de la station, la courbe précise, des yeux perses
    
arabes, afghans, indiens, pakistanais, libanais
    noirs, noirs, égyptiens, mésopotamiens, bouche pâle, pâle

    Elle descend à Union

    Square et demande

    à une vieille et gaillarde Irlandaise
    la direction de la correspondance

    Un dernier regard 

    le métro démarre lentement, trop

    lentement, elle reste là,

    jambes écartées sous un manteau noir de fausse fourrure, elle
    reste juste là, sans fin, ne choisissant

    ni une direction ni l’autre, reste
    
là sur le quai d’Union Square
    
toute l’histoire de la Méditerranée orientale entre les cuisses
    réfléchissant

    Paul BLACKBURN, Acton Poétique n° 203, mars 2011.

     

     

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  • MONOD, BOULOT, DODO


    Jean-Louis ÉZINE nous rappelle que, Théodore MONOD étant naturaliste, il a passé sa vie à donner des noms latins à tout ce qu'il trouvait sous ses chaussures.

    À ce titre, MONOD a étudié la végétation de lieux délaissés par ses confrères, comme par exemple le métro parisien.


    C'est donc à lui que nous devons la découverte dans les traverses souterraines de nombreuses variétés de prospectus et autres détritus. Il a aussi mis à jour l'invasion d'une sorte de mousse se propageant jusque dans les rames, le sacapus.

    Il a aussi patiemment examiné les désastreux effets du capharnaüm sur toute l'Île de France, principalement les jours de grève.


    On voit par là - comme dirait ÉZINE - que MONOD ne rechignait pas non plus à distribuer à ses trouvailles des noms hébreux.

    C'était décidément un grand homme.


     

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  • Michel MERLEN dans L'MÉTRO


    Lecture silencieuse



    livre bien ouvert

    tenu des deux mains

    que lisent dans le sens de la marche

    des hommes et des femmes

    déjà presbytes

    de temps en temps

    un coup d'oeil furtif

    sur la première page de couverture

    du volume du voisin de passage


    le titre est happé

    comme une nourriture

    d'urgence


    Généalogie du hasard, Le Dé bleu, 1986.

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